L’engagement pour la laïcité et contre la présence d’un crucifix dans une école publique mène à un licenciement d’un professeur dans le canton du Valais (Suisse)

En Suisse, il existe une décision de la Cour fédérale prise en 1990 selon laquelle un crucifix dans une école publique viole l’obligation de neutralité religieuse et donc est à retirer au plus tard quand quelqu’un le demande. La Suisse est organisée d’une manière très fédéraliste et donc il y a de grandes différences dans la façon que les relations entre Eglise et Etat sont incorporées dans les différents cantons.

Valentin ABGOTTSPON

Moi, j’ai enlevé à la fin de 2009 le crucifix de ma salle de classe ; il trônait au-dessus du tableau noir et j’ai donc établi moi-même la neutralité religieuse de cet espace public. Début mai 2010 a été fondée la section Valaisanne des libres-penseurs, je suis devenu le président et j’ai publiquement encouragé la séparation de l’Eglise et de l’Etat, en particulier dans les écoles publiques. J’ai préconisé une vision sceptique et scientifique du monde, j’ai promu les valeurs
humanistes et j’ai demandé la transparence dans le système des impôts ecclésiastiques, etc. (Le système de financement des églises dans le canton du Valais est en fait extrêmement scandaleux).

Le 11 août 2010 une réunion a eu lieu avec le Ministère de l’Education. J’ai soulevé des questions concernant l’instruction religieuse et la prière pendant les heures scolaires, de l’office religieux/culte, de la présence du crucifix, de la situation des enseignants et des élèves non44 catholiques ou non-croyants, etc. La loi sur l’instruction publique prescrit que les écoles publiques doivent préparer leurs élèves à leur « … tâche de personne humaine et de chrétien. », donc – à proprement parler –les enfants des parents d’une autre religion ou sans confession sont aussi à préparer à leur tâche de chrétien. Ce passage et les pratiques dans de nombreuses écoles publiques dans le Valais violent clairement la Constitution fédérale suisse et aussi les droits humains universels. Un politicien local d’un parti chrétien, qui voulait tirer bénéfice personnellement et politiquement de cette manoeuvre a ensuite rendu publique cette controverse, et les questions qui ont été posées. Plus tard, on m’a demandé de raccrocher le crucifix dans ma salle de classe. En fait, j’ai refusé d’effectuer cette action. Deux fois le crucifix a été raccroché pendant la nuit contre mon désir bien exprimé. Je l’ai ensuite retiré deux fois avant que la classe ne commence et je l’ai placé dans un placard. Le 8 octobre 2010, la commission scolaire m’a licencié avec effet immédiat. Les autorités utilisent des prétextes comme « a détruit la relation de confiance », même si j’ai des certificats de travail excellents et que j’ai toujours réalisé mon travail en tant que professeur, d’une manière exemplaire.

Le Conseil d’État (l’exécutif du canton) n’a pas encore – après presque une année entière ! – décidé si le licenciement était abusif. Un avis de droit sur l’affaire toutefois, démontre clairement que le licenciement était injustifié, que j’ai réalisé mon devoir statutaire envers mon employeur et que la situation à l’école de Stalden doit changer. Il est scandaleux que les autorités aient essayé et essaient encore d’en faire un exemple ; on doit condamner le fait que des citoyens debout, qui posent des questions critiques et qui oeuvrent pour leurs droits, sont menacés de mort sociale et
pécuniaire. Je considère cette affaire comme l’un des mépris les plus graves contre les principes laïques de l’histoire récente de la Suisse.