Chers amis, chers camarades,
Nous arrivons bientôt au terme de notre réunion internationale.
On peut dire que c’est un succès, tant par le nombre que la qualité des communications et interventions qui ont été faites pendant cette journée.
En cette journée du 10 août, il me souvient quelques faits qui ont été marqués par cette date.
Le 10 août 1792, c’est le début de la Commune insurrectionnelle à Paris.
Le 10 août 1819, c’est l’entrée triomphale de Simon Bolivar à Bogota.
Le 10 août 1905, c’est le premier congrès espérantiste.
Et le 10 août 1994, c’est l’arrivée de notre amie Taslima Nasreen en Suède, condamnée à mort pour délit de blasphème au Bangladesh.
On peut dire que les libres penseurs et les athées auront, grâce à Oslo, leur 10 août à eux.
Ce Congrès mondial de la Libre Pensée s’inscrit dans la continuité de tous les grands congrès de la Fédération internationale de la Libre Pensée depuis le congrès fondateur de Bruxelles en 1880 :
Amsterdam 1883, Anvers 1885, Londres 1887, Paris 1889, Madrid 1892, Bruxelles 1895, Paris 1900, Genève 1902, Rome 1904, Paris 1905, Buenos-Aires 1906, Prague 1907, Bruxelles 1910, Munich 1912, Lisbonne 1913, Prague 1920.
Nous préserverons les meilleurs acquis de ces évènements. Il nous faut aussi tirer le bilan de ce qu’il est advenu de l’Union mondiale des Libres penseurs.
A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, elle s’est reconstituée assez rapidement et a retrouvée quelque éclat. Mais très vite, les problèmes liés à la guerre froide ont télescopé les désirs d’union internationale.
Le refus de la condamnation des invasions soviétiques en Pologne et en Hongrie en 1956, alors que l’Union mondiale dénonçait l’expédition franco-britannique à Suez, a conduit au départ des associations nord-américaines. De même, la condamnation de la guerre au Viêt Nam, et le silence sur l’invasion en Tchécoslovaquie a suscité le départ de la NSS de Grande-Bretagne et de bien d’autres associations.
Il n’est plus resté qu’un noyau en Europe occidentale. Et petit à petit, les erreurs ont succédé aux erreurs. Le départ de la Fédération française qui représentait 40% des effectifs a porté le coup de grâce.
La Libre Pensée française n’a jamais fait son deuil de la disparition de l’Internationale de la Libre Pensée. Elle a estimé en 1999 que l’IHEU pouvait être un lieu de rencontres entre libres penseurs et humanistes laïques. Elle a aussi pensé qu’une coopération pourrait être mutuellement profitable, même si, et c’est bien normal, chacun garde son point de vue et agit selon son bon vouloir.
C’est pourquoi nous proposons de continuer dans cette voie de coopération réciproque. Nous estimons cependant qu’il convient aujourd’hui de franchir une étape nouvelle en constituant l’Association internationale de la Libre Pensée. L’AILP n’est en concurrence avec personne et avec aucune autre association internationale.
Les libres penseurs n’ont pas d’adversaires chez les athées, les humanistes et les laïques.
Les libres penseurs sont les plus fervents artisans de la lutte pour la Séparation des religions et des États. Ils veulent que soit proclamée l’absolue liberté de conscience pour tous. Ils ne revendiquent pas les mêmes privilèges que les Églises, ils veulent la fin des privilèges pour les religions.
Ils font leur la devise : Liberté –Égalité – Fraternité.
Nous nous réclamons des résolutions du Congrès de Rome de 1904, qui sont parties intégrantes des statuts que nous proposons :
« La laïcité intégrale de l’État est la pure et simple application de la Libre Pensée à la vie collective de la Société. Elle consiste à séparer les Églises de l’État, non pas sous la forme d’un partage d’attributions entre deux puissances traitant d’égale à égale, mais en garantissant aux opinions religieuses la même liberté qu’à toutes les opinions et en leur déniant tout droit d’intervention dans les affaires publiques.
La Libre Pensée n’étant complète que quand elle entreprend de réaliser socialement l’idéal humain, elle doit tendre à l’institution d’un régime sous lequel pas un être humain ne pourra plus être sacrifié ou même négligé par la société, et par conséquent ne sera mis ou laissé par elle, directement ou indirectement, dans l’impossibilité pratique d’exercer tous ses droits d’homme et de remplir tous ses devoirs d’homme.
La Libre Pensée est donc logiquement génératrice d’une science sociale, d’une morale sociale, d’une esthétique sociale, qui, se perfectionnant par le progrès même de la conscience publique, constitueront un régime de justice : la justice sociale n’est que la raison appliquée par l’humanité à son propre gouvernement.
En d’autres termes, la Libre Pensée est laïque, démocratique et sociale, c’est-à-dire qu’elle rejette, au nom de la dignité de la personne humaine, ce triple joug : le pouvoir abusif de l’autorité en matière religieuse, du privilège en matière politique et du Capital en matière économique. »
C’est pourquoi, le Manifeste international pour la liberté de conscience, qui est contresigné massivement sur tous les continents nous propose de mener conjointement et dans tous les pays 3 campagnes internationales :
- La lutte sur tous les continents dans les pays pour obtenir la Séparation réelle entre les Religions et les États et la défendre là où elle est menacée.
- Une enquête internationale sur les financements des Églises et des religions, notamment par le biais de l’utilisation d’argent public. C’est ce que notre ami Max Wallace d’Australie a appelé « l’économie pourpre ».
- La dénonciation des crimes commis par les religieux contre des êtres humains et l’exigence que justice soit pleinement rendue aux victimes des Églises, telles que nous l’a rappelé notre ami Keith Porteus Wood, représentant de la NSS.
Nous vous soumettons aussi 4 autres décisions à prendre.
Premièrement, je vous propose de proclamer l’Association Internationale de la Libre Pensée par acclamation.
Deuxièmement, les statuts que vous avez dans vos dossiers s’inspirent de la loi française, qui est la loi la plus libérale en matière d’association. Vous avez une note juridique qui vous l’explique. Je vous propose donc de les examiner, de les discuter et de les adopter. Si vous en être d’accord, nous déposerons ses statuts en France pour des questions de commodité.
Nous vous proposons la constitution d’un Comité International provisoire dont la liste est la suivante :
- Alves Ricardo (Portugal)
- Amorim Teresa (Portugal)
- Besson Philippe (France)
- Blondel Marc (France)
- Estrella Hugo (Argentine)
- Eyschen Christian (France)
- Desaï Babu (Inde)
- Godicheau Michel (France)
- Gozlan David (France)
- Igwe Léo (Nigéria)
- Kirkhart Bobbie (USA)
- Kuvakin Valerii (Russie)
- Lafouge Jacques (France)
- Laxalte Elbio (Uruguay)
- Lepeix Roger (France)
- Llobet Marcelo (Argentine)
- Mac Arthur Ed (Royaume-Uni)
- Mantello Maria (Italie)
- Masson Henri (Espéranto)
- Mbille Martin (Cameroun)
- Muller Volker (Allemagne)
- Nkunzimana Paul (Burundi)
- Rand David (Canada)
- Read Clive (Afrique du Sud)
- Riba Albert (Espagne)
- Saad Georges (Liban)
- Sankari Nina (Pologne)
- Silverman David (USA)
- Thain Richard (Canada)
- Tietze Ulrike (Allemagne)
- Vergara Antonio (Chili)
- Vijayan Goparaju (Inde)
- Wallace Max (Australie)
- Wallace Meg (Australie)
- Whitehead Fred (USA)
- Wood Keith Porteous (Royaume-Uni)
Nous vous proposons aussi la désignation pour un an de six porte-paroles internationaux :
- David Silverman (USA)
- Keith Porteous Wood (Royaume-Uni)
- Albert Riba (Espagne)
- Christian Eyschen (France)
- Antonio Vergara (Chili)
- David Rand (Canada)
Je vous remercie de votre attention. Notre ami Roger Lepeix va maintenant expliquer le contenu du protocole d’accord entre l’AILP et l’IHEU. Ensuite la discussion sera ouverte entre nous.