J’ai le plaisir de soutenir le Congrès Mondial de fondation de la Libre Pensée. Cela est particulièrement important dans un monde où la religion, la superstition, les traditions et les morales archaïques répriment quotidiennement la libre pensée et la libre expression.

Nous voyons clairement aujourd’hui cela avec l’Islam, non pas parce que l’Islam est pire que toute autre religion mais parce que nous vivons dans ce que j’appelle une inquisition islamique.
Dans un régime d’inquisition, la libre pensée est interdite. Même le fait d’avoir une conviction « personnelle » est impossible, sans parler de l’athéisme. Vous ne pouvez aucunement choisir ce que vous voulez. Les islamistes tueront, menaceront, intimideront toute personne qui interprétera les choses différemment, qui aura une pensée dissidente, qui pensera librement ou qui transgressera leurs normes en vivant une vie du 21e siècle.

Maryam NAMAZIE

L’une des caractéristiques d’une inquisition, c’est la police de la pensée. C’est le règne de la censure et on peut encourir la peine de mort pour avoir simplement lu un livre. Giordano Bruno a été brûlé sur le bûcher pour hérésie en 1600 ; en 2011 il y a de nombreux exemples de personnes qui ont été tuées pour des raisons similaires. Dans la seule République Islamique d’Iran, 130 crimes sont passibles de la peine de mort, dont le blasphème, l’hérésie, l’apostasie et le fait d’être ennemi de Dieu.

Dans un régime d’inquisition, la torture est la norme. Selon les manuels de l’époque, les inquisiteurs avaient pour instructions de ne reconnaître aucun accusé innocent en toutes circonstances. La même chose s’applique dans le régime islamiste. Vous êtes coupable. Un point, c’est tout. Coupable de penser, de parler, de rire, d’écouter de la musique, d’aimer, et de respirer.

L’objectif de la « justice » de la Charia est d’obtenir une confession. Sous l’Inquisition, on vous tuait même si vous vous étiez confessé. La confession signifiait simplement que vous étiez étranglé avant d’être brûlé au lieu d’être brûlé vif. La même chose s’applique dans le régime islamiste C’est une machine à tuer. La Charia est faite pour enseigner aux masses la nature damnée de la dissidence et de la libre pensée.

La religion en général et l’Islam en particulier ne permettent la libre pensée (du moins en apparence si c’est possible) que lorsqu’ils sont poussés dans leurs retranchements et hors de l’espace public – quand ils sont obligés de s’occuper de la soupe populaire plutôt que des écoles, des tribunaux et des Assemblées Islamiques.

C’est la différence entre le christianisme d’aujourd’hui et celui de l’Inquisition (bien que le christianisme joue encore un rôle important dans la répression de la libre pensée, diffusant la superstition et faisant du mal même, si son rôle est moins visible en Europe).

Si vous regardez le christianisme aujourd’hui, ce n’est pas le crédo, les dogmes et les principes qui ont changé depuis le temps de l’Inquisition et des bûchers de sorcières. Ce qui a changé, c’est son influence sociale et politique dans la société, dans la vie des gens et dans ses relations avec l’état, le système judiciaire et scolaire. Au point qu’il a été sapé à la base, c’est-à-dire au point où les gens sont parvenus à se libérer de l’emprise de la religion en menant une vie meilleure dans une société meilleure. Les valeurs humaines progressistes ont été atteintes aux dépens du christianisme et de la religion. La même chose doit se produire avec l’Islam et l’islamisme.

Il est clair que le combat pour la libre pensée, c’est le combat contre l’islamisme et l’inquisition de notre temps. C’est aussi un combat contre la religion en général et pour la séparation complète de la religion et de l’Etat, du système scolaire et du système judiciaire. Une société laïque, c’est la condition minimale pour une société où la libre pensée n’est pas un crime. En particulier parce que la liberté de penser est un défi aux dogmes religieux et à ce qui est tabou.

Il est important de noter que le combat contre l’islamisme et le rôle néfaste de la religion qui étouffe la libre pensée n’est pas un combat contre les musulmans ; c’est la défense des droits de tous à penser comme ils veulent sans crainte et sans intimidation. N’oubliez pas que les musulmans ou ceux que l’on qualifie comme tels sont les premières victimes de l’islamisme et que beaucoup d’entre eux sont en première ligne pour le combattre. L’opposition à l’islamisme et à la Charia n’est nulle part ailleurs plus grande que dans les pays qui vivent sous un régime islamique.

Ce n’est pas non plus un combat contre les immigrés. Après tout, l’islamisme a été mis au centre de la scène internationale par la politique US de la Guerre Froide pour créer une ceinture islamique verte autour de ce qui était l’Union Soviétique. L’islamisme n’a pas été concocté dans la cuisine d’un immigré. Et de nombreux immigrés ont en réalité fui l’islamisme et la Charia, et continuent à les combattre une fois arrivés ici.

Et si la lutte pour la liberté de penser et contre l’islamisme est une tâche historique et un devoir, elle doit être menée aussi contre l’Extrême-Droite, en particulier en Europe, en Australie et en Amérique du Nord. Il est particulièrement important de le dire dans une ville qui a été confrontée à une atrocité et une immense tragédie humaine.

Il est possible qu’Anders Behring Breivik ait agi seul mais ce n’est pas l’acte isolé d’un fou. Il y a de nombreux partis et organisations politiques qui ont des programmes similaires, qui ont gagné et qui gagnent encore de l’influence, y compris des sièges parlementaires. C’est dû à un certain nombre de facteurs dont l’offensive sans précédent contre les conditions de vie et la couverture sociale du peuple, la respectabilité accordée aux mesures anti-immigrés, la « guerre contre le terrorisme » et l’ethnicisation du monde. C’est aussi dû au multiculturalisme – pas en tant qu’expérience de vie positive, mais en tant que politique sociale qui a séparé les communautés et le monde. Aujourd’hui les gens sont partout divisés en religions, cultures, nationalités et ethnies tandis que notre humanité, notre universalisme et notre citoyenneté ont été jugés comme n’ayant plus de raison d’être.

De manière ironique, alors que l’Extrême-Droite paraît prendre pour cible l’islamisme, elle a les mêmes idéologies, les mêmes caractéristiques, les mêmes tactiques et les mêmes buts. L’islamisme est aussi un mouvement d’extrême droite. Les deux mouvements reposent sur la religion. Les deux utilisent un langage de haine. Ils sont extrêmement xénophobes, misogynes, homophobes et antisémites. Les deux s’appuient sur la violence sans discrimination et le terrorisme pour intimider la population en général. Ils sont dogmatiques et punissent les libres penseurs et les dissidents. Les deux utilisent les menaces et l’alarmisme pour faire avancer leurs idées. Les deux sont foncièrement anti-classe ouvrière et contre la Gauche. Ils croient à la supériorité de leurs idées et de leur culture, et se montrent impitoyables envers celui qui transgresse leurs idées. Le monde dont ils rêvent est uniformément inhumain, triste, plein de ségrégation et de haine.

Il est clair que tout libre penseur d’aujourd’hui doit aussi être antifasciste. Non pas la version proislamiste et antiraciste de Gauche qui est seulement contre ses « propres » fascistes. Et pas non plus cette espèce qui prolifère de plus en plus parmi les laïques et les athées, qui rejoint l’Extrême Droite contre la version islamique « étrangère ». Des groupes comme « Stop l’islamisation de l’Europe » et les « Ligues de Défense » anglaise et norvégienne sont plein de haine comme les islamistes et ce ne sont pas nos alliés. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas nécessairement nos amis. En fait ce sont les deux faces d’une même médaille.

Ce dont nous avons besoin aujourd’hui c’est un nouvel antifascisme qui soit contre l’Extrême Droite et l’islamisme, et qui mette les gens– en tant que véritables êtres vivants – au centre et non les cultures, les religions, la nationalité, la race et l’ethnie.

Seul un mouvement antifasciste renouvelé, qui prend une position ferme contre les deux et défend sans équivoque la citoyenneté et les droits universels, la liberté, l’égalité et la laïcité, peut espérer gagner. Face à la régression et à l’abomination, son drapeau doit être l’humanité sans autre qualificatif. Il doit tenir pour sacré l’être humain et rien d’autre.

Comme le disait le regretté Mansoor Hekmat, marxiste, athée et humaniste : « Bien sûr…c’est le droit de tous de penser ce qu’ils veulent. Mais il y a une différence fondamentale entre le respect de la liberté d’opinion des individus et le respect des opinions qu’ils professent. Nous ne sommes pas assis à attendre le jugement du monde ; nous sommes les acteurs et les participants. Chacun d’entre nous fait partie de cette lutte historique et mondiale, qui selon moi, se déroule depuis le début des temps jusqu’à présent autour de la liberté et de l’égalité des êtres humains… »
(Mansoor Hekmat, L’Islam et la dés-Islamisation, janvier 1999 :
http://hekmat.public-archive.net/en/3140en.html).

Maryam Namazie) est la porte-parole de Une Loi pour Tous – One Law for All (www.onelawforall.org.uk) et du Conseil des Ex-Musulmans de Grande Bretagne (www.exmuslim.org.uk).