Récemment, un ami me demandait si je pensais que la religion puisse un jour disparaître devant l’avancée du progrès scientifique. Je lui répondis avec la devinette du cafard traversant une pièce.

Vous l’avez certainement déjà entendue ; la chambre a 6 mètres de large. Dans la première heure, le cafard parcourt la moitié du chemin, 3 mètres, mais il fatigue, dans la seconde heure il ne franchit qu’un mètre 50, soit la moitié de la distance précédente. Et ainsi de suite, chaque heure il couvre la moitié de la distance précédemment accomplie. Quand parviendra-t-il à traverser la pièce ?

Bobbie KIRKHART

La réponse traditionnelle de l’énigme est ; jamais, car une moitié ne peut être un tout.
Bien sûr, notre cafard hypothétique n’a pas de dimensions connues, alors que les cafards réels ont une longueur, qui leur permet de finalement traverser la pièce, et pourtant ils vont lentement, donc la réponse du monde réel est que nous ne pouvons pas résoudre la devinette sans plus de renseignements, mais si le cafard continue d’avancer, il traversera la pièce, et plus gros il sera, plus tôt il arrivera.

Cependant, je ne suis pas sûre que ce soit là la réponse dans le monde réel. Je vis dans un pays où nous, libres penseurs, sommes souvent considérés comme de la vermine, et je suis douloureusement consciente que les cafards voyagent d’habitude la nuit parce que s’ils n’arrivent pas où ils vont avant l’aurore, ils seront probablement piétinés. En regardant le monde d’aujourd’hui, il est temps de se dépêcher.

Évidemment, aux États-Unis, nous sommes habitués à ces fondamentalistes théocratiques attaquant nos droits, mais il semble que l’Europe ne puisse plus être à l’abri. Nos amis en Angleterre luttent contre la Sharia “volontaire”, qui est fondée sur la prémisse qu’une femme qui n’a pas été autorisée à apprendre la langue du pays dans lequel elle vit puisse faire un choix informé. Dans l’état de Hesse, en Allemagne, les enseignants d’un certain nombre d’écoles
enseignaient la Création en classe de biologie ; le ministère de l’Education de l’Etat n’y a vu aucune infraction au programme d’études. Ceux-ci sont des exemples isolés mais – selon l’expérience américaine – si nous ne leur répondons pas efficacement, ils ne resteront pas isolés.

J’ai grandi dans une famille religieuse de l’Oklahoma, le passant sur le cuir de la « Ceinture de la Bible » américaine, à cette époque les gens qui prenaient à la lettre les histoires de Genèse et de Création étaient vus comme des réactionnaires ou des fanatiques.
Aujourd’hui, cette conviction est le point de vue dominant. Évidemment, le monde développé l’a relativement facilitée.

L’Afrique est particulièrement infestée des nuisances de la religion, surtout le Christianisme que les nations européennes ont imposé. Les quelques courageux libres penseurs sont engagés dans une bataille horrible contre ceux qui condamnent des enfants comme des sorciers et étiquètent l’homosexualité comme un crime capital. À peine 3 % des Sud Africains sont athées ou agnostiques et nulle autre région sur le continent n’en compte plus de 1 %.

(Je devrais dire ici que toutes ces caractéristiques sociodémographiques proviennent de l’Association d’Archives de Données Religieuses et portent en elles les incohérences et autres problèmes auxquels on s’attend dans le domaine des croyances, sous-estimation et surestimation, avec une certitude plus forte pour la première. Quand même, je n’ai rien trouvé à une échelle internationale qui soit plus exact et complet.)

Bobbie KIRKHART

L’Amérique du Sud et Centrale font un peu mieux que l’Afrique, environ 3 %, bien que la Caraïbe soit un peu plus brillante à 8 %. (Il y a une exception encourageante en Uruguay, où un tiers de la population se reconnaît comme athée ou agnostique. Le pays est démographiquement très semblable à l’Argentine voisine, sauf dans le domaine de la croyance. La seule explication que je trouve est que l’Uruguay, à la différence de ses voisins, est connu pour avoir certaines des lois politiques et sociales les plus progressistes de par le monde.)

En Asie, hors l’Extrême Orient, toutes les régions du continent accordent moins de 5 % aux libres penseurs. L’Extrême Orient, dominé par la Chine, annonce 36 % et la Chine, l’état le plus athée du
monde, en enregistre seulement 39 % dans ce sondage.

L’Europe de l’Est, où l’athéisme a été encouragé jusqu’aux vingt dernières années, compte seulement 9 % d’athées et d’agnostiques, mais l’Europe occidentale, elle, atteint 20 %.

Tout cela dépeint probablement un tableau plus lugubre que la réalité. Comme déjà relevé, beaucoup de ces statistiques minorent le nombre d’athées et il y a d’autres faits importants dont on doit tenir compte au sujet du nombre. Ces enquêtes portent sur les étiquettes, pas sur les convictions et, dans la plupart des pays, les termes athée et agnostique ont des connotations négatives. Typiquement, les enquêtes de conviction révèlent plus d’incroyants que les sondages d’identité ne le font et si nous incluons les déistes, les gens qui disent qu’ils croient en un Dieu qui n’interfère pas avec ce monde, nos rangs grossissent.

Si notre but est un état laïque et, pour la plupart d’entre nous, c’est l’objectif principal, peut-être l’indicateur le plus significatif est-il l’importance que les gens donnent à la religion.
Le Japon, par exemple, a un taux relativement faible d’athées et d’agnostiques à 10 %, mais il est considéré comme un état extrêmement séculier. C’est dû fort probablement pour partie à la religion dominante du Bouddhisme Zen, qui est techniquement athée, c’est-à-dire sans Dieu, mais qui est une religion avec une pensée magique. Probablement la statistique la plus pertinente réside dans le fait que les Japonais trouvent la religion extrêmement peu importante, avec 41 % pour qui ce n’est « pas très important » dans leur vie et 38 % de « pas du tout important ».

Je dois ici aujourd’hui parler de l’athéisme mondial, pas d’un état laïque, pour deux raisons ; d’abord, c’est le sujet qui m’a été alloué et, ensuite, là où les gens se sentent le moins en sécurité, plus ils se tournent vers la religion et la religion évolue vers la droite. J’ai peu de doute que vos problèmes en Europe ont aujourd’hui autant à voir avec les coupes dans les programmes sociaux qu’avec l’immigration islamique, et j’ai peu de doute que ces problèmes vont perdurer quelque temps.

Une communauté de libres penseurs efficace, mobilisée pour répondre à cette réaction est d’une importance essentielle, donc je promeus l’athéisme par n’importe quel nom intelligible ; si vous préférez utiliser agnostique, bright, humaniste, rationaliste, sceptique, ou « pastafarien », peu importe. Les différences philosophiques subtiles sont importantes seulement pour nous à l’intérieur de notre mouvement. Mais je vous appellerai un hypocrite si vous utilisez ces termes pour masquer le fait que vous ne croyez pas aux Dieux.

Mon mandat n’était pas simplement l’athéisme mondial, mais l’athéisme mondial au 21e siècle et je dois ici vous convaincre de faire beaucoup plus que simplement garder votre organisation prête à réagir au premier signe de problème. Les athées sont connus pour leurs protestations et elles sont nécessaires quand la religion se mêle de l’intérêt commun et du sens commun. Les protestations comptent ; elles attirent l’attention sur un problème dont d’autres peuvent ne pas être conscients ; elles attirent à nous plus de personnes dans le mouvement ; et il y a maintenant la preuve qu’elles donnent aux participants, nos membres, un sentiment de bien-être. C’est surtout
vrai, évidemment, s’ils sont extrêmement actifs publiquement, comme avec les manifestations ou les sit-in. (Peut-être est-ce la raison pour laquelle, au début des années 1970, nous avions des manifestations de protestation une semaine et des manifestations d’amour la semaine suivante.
Vivre et apprendre. À cette époque, j’ai cru que c’était la marijuana.)

Les protestations ont un coût, cependant. Elles durcissent la position de l’opposition.
En décidant quand, comment et sur quoi protester, ce coût devrait toujours être pris en compte.

Bobbie KIRKHART

Aujourd’hui, nous avons beaucoup de nouveaux instruments pour combattre la superstition religieuse et la bigoterie. Le 21e siècle s’est ouvert par une détonation intellectuelle dans notre mouvement. Richard Dawkins, Daniel Dennett, Sam Harris, Christopher Hitchens, Ayaan Hirsi Ali
(et on pourrait continuer la liste) nous ont montré que beaucoup de personnes ont soif de renseignements sur le monde réel et comment il fonctionne. Nous avons beaucoup de scientifiques moins connus nous donnant des indications sur l’esprit humain que nous n’avions jamais eu auparavant.

L’évolution ne se limite plus aux fossiles. Les psychologues évolutionnistes nous ont enseigné, si nous y prêtons attention, que la religion est un produit naturel, presque inévitable, de notre cerveau, dans son évolution. Cela dégonfle quelque peu le ballon d’air chaud qu’a été la prétention hautaine que certains de nos collègues ont eue en discutant de “la stupidité” de religion.

Ces nouveaux scientifiques ne caractérisent pas la religion comme favorable ou même inoffensive
- un auteur, J. Anderson Thomson, a comparé notre goût pour la religion à notre désir ardent de nourriture « fast food » – et ils n’apportent pas grand-chose en matière de stratégie, mais ils nous donnent un excellent point de départ. Selon Pascal Boyer, les phénomènes qui étaient considérés comme des mystères sont devenus des problèmes, non encore résolus, mais solvables.

Daniel Dennett nous a aidés à nous concentrer sur l’essentiel et ce ne sont pas les Dieux. Ils n’existent pas. La question, c’est la croyance. Cependant, si beaucoup de personnes croient en des Dieux, plus de personnes encore croient en la croyance. Vous connaissez probablement des athées qui estiment que la foi est un trait admirable. Boyer soutiendrait que beaucoup de religions n’ont pas plus la foi en l’existence des Dieux que nous avons foi en l’existence des fjords. Il soutient que les esprits sont, pour l’ethnie Fang au Cameroun par exemple, une simple question d’observation. Il y a certainement un processus plus direct de croyance dans beaucoup de religions païennes, mais qu’il implique ou n’implique pas la foi c’est une question à laquelle nous avons le reste du siècle pour répondre.

Je vais m’étendre un peu plus sur deux autres penseurs dont les travaux ont vraiment de vastes implications pour notre travail, en nous donnant des instruments que nous pouvons utiliser maintenant. Le fait que ces travaux existent ne nous exonère pas de continuer à étudier les enseignements les plus ardus de la psychologie évolutive, qui j’en suis convaincue, dans ce siècle, nous donneront la clé pour rendre la religion impuissante, mais dès aujourd’hui nous avons une richesse de renseignements pratiques que nous n’utilisons pas.

Moral Politics, le livre du linguiste George Lakoff est paru avant ce siècle, en 1996, mais son travail n’a pas reçu d’attention notable jusqu’à la publication de son ouvrage, plus court et plus abordable, Ne pense pas à un éléphant en 2004. Tous les deux portent sur la politique américaine, mais il y a là plusieurs observations pertinentes directement reliées à notre cause. (Si vous voulez lire Lakoff, il vaut mieux s’attaquer à Moral Politics, qui est copieux et parfois pédant, mais vaut le détour.)

Le travail de Lakoff sur le concept linguistique d’encadrement est peut-être le plus stimulant. Le cadre d’un mot est semblable, mais en plus compliqué, à sa connotation. Ces mots modèles existent dans les schémas mentaux, qui incluent des concepts que le mot impliquerait au-delà de sa stricte définition. Pour la plupart des personnes aux États-Unis, et je dois dire dans beaucoup d’autres endroits, le mot athée s’inscrit dans un cadre d’arrogance, d’intellectualisme, d’égoïsme, d’immoralité et de colère. Lakoff établit que quand une personne obtient l’information qui est en conflit avec le cadre, elle se débarrassera probablement des renseignements et gardera le cadre, même si les informations peuvent être extrêmement sûres.

Beaucoup de personnes le voient comme un argument pour éviter le mot athée. C’est un argument légitime, mais mon opinion, de l’aveu général basé uniquement sur l’évidence anecdotique – mais sur beaucoup d’anecdotes – est que le cadre n’est pas le résultat du mot athée, mais du concept de non croyance ouverte et le changement du mot mettra seulement un nouveau mot dans le cadre ancien. Je crois que nous n’avons pas d’autre choix que de changer le cadre en s’affichant publiquement et fièrement comme athées, nous montrant humbles, généreux, éthiques, aimables et nous pouvons garder intellectuels. Les cadres peuvent changer. Je me souviens quand l’Angleterre a placé Rupert Murdoch dans un cadre qui a inclus l’adjectif “puissant”.

Deux autres concepts de Lakoff ont des implications pour nous qui sont moins équivoques, bien que pas nécessairement faciles à appliquer. L’un est une élaboration du fait bien connu que plus les gens entendent une affirmation, mieux ils s’en souviennent et mieux ils sont enclins à la croire.
La pratique de répétition sans fin dans la publicité est l’évidence même de cela. Le travail de Lakoff a démontré que le fait de nier l’affirmation a essentiellement le même effet que la répétition. Comme nous nous voyons souvent en termes de négation, nous devrions y prêter attention. Nous pouvons et devons développer des messages plus positifs.

Par exemple, quand le Pape assimile le Nazisme à l’athéisme, plutôt que de nier cette terrible accusation, nous ferions mieux de rappeler les nombreux libres penseurs qu’Hitler et ses subalternes ont assassinés ou ont emprisonnés. Effectivement, c’est un chapitre important de l’Histoire qui sera bientôt perdu, couvert par la propagande Catholique, si ce chapitre de l’Histoire n’est pas bientôt mis sous presse, sur les ondes et le cyberespace. Nous n’avons pas besoin de conférer de la dignité au mensonge de Benoit avec une dénégation ; nous devons simplement rappeler le récit de nos martyrs. Évidemment, en procédant ainsi, il est tout à fait acceptable de mentionner le rôle énorme de l’Église catholique dans la persécution, tant que cela n’occulte pas notre propre et histoire héroïque. C’est une tâche que les athées européens, qui ont accès à cette histoire, doivent entreprendre sans attendre.

Une autre observation de Lakoff qui est utile, peut-être pas directement dans la stratégie, mais dans la discussion avec les zélateurs religieux, porte sur les deux bases de la pensée morale – compassion et obéissance. Tous les êtres humains normaux tirent leurs concepts du bien et du mal d’un mélange de deux principes, l’obéissance que Lakoff appelle le Modèle du Père Strict et la compassion, que Lakoff nomme le « Parent Nourricier ». Évidemment, les conservateurs, y compris les conservateurs religieux, sont beaucoup plus prédisposés pour suivre le premier, pendant que les libéraux, y compris des libéraux croyants, ont tendance à suivre le second. Il y a, évidemment, des athées conservateurs et autoritaires, mais la plupart d’entre nous, nous sommes des Parents Nourriciers. Pour les athées qui ont été élevés dans une religion, ce choix de compassion par rapport à l’obéissance est peut-être la raison pour laquelle nous avons quitté l’Eglise.

Quand les conservateurs religieux disent que les athées ne peuvent pas avoir de morale, ils font allusion au fait que nous n’avons aucune autorité ultime à laquelle obéir. Les entretenir sur la compassion, sans reconnaître leur inquiétude avec l’autorité, revient à se lamenter devant un mur.

Ma recommandation finale pour aujourd’hui ; le livre de 2001, Influence, Science and Practice par Robert Cialdini, que chaque dirigeant de la Libre Pensée devrait lire.

Cialdini écrit abondamment sur le principe de consistance, le fait que ceux qui ont un engagement ont la plus grande difficulté à en changer. Cela explique beaucoup de choses sur la religion. Les Eglises demandent l’adhésion formelle, la fonction du rituel “d’être sauvé”, appelé souvent l’engagement envers le Christ, pour renforcer un besoin de garder la foi face à un monde qui contredit la croyance. Cela a une forte implication pour nous dans la relation avec les croyants. Ils doivent défendre leur engagement. Le défi les force seulement à protéger leur foi, aussi intenables
que puissent être leurs arguments puissent être. Le croyant convaincu quittera presque toujours une telle discussion avec une plus grande détermination que quand il y est entré. C’est la raison pour laquelle, aux Etats-Unis – et je soupçonne dans d’autres pays où on s’attend à ce que l’identité religieuse inclue la croyance – ce sont les Eglises qui lancent toujours les débats. Les athées aiment ces discussions parce que nous croyons que nous les gagnons. Mais la discussion ne porte pas sur les points marqués, la discussion est un enjeu qui porte sur les coeurs et les esprits du public et dans cette arène nous gagnons la bataille et perdons la guerre.

Nous pouvons aider des croyants à réévaluer leur engagement en posant des questions qui ne sont pas ostensiblement agressives, en écoutant et en acceptant les réponses. Les gens les plus modernes sont capables de conserver leurs convictions religieuses, en évitant d’y penser. S’ils vont changer, ils doivent le faire pour eux-mêmes.

Généralement, pourtant, notre but n’est pas de changer individuellement les croyants, mais de créer des cadres attrayants qui offrent à l’animal social humain une alternative à la religion et qui établissent la place des libres penseurs dans la société avec suffisamment de fermeté pour que nos droits ne soient pas foulés au pied. Pour ce faire, nous serions avisés de peser sur le levier de la cohérence et de l’consistance et d’engagement.

Aujourd’hui nous avons des groupes de Libre Pensée en ligne qui atteignent des centaines “de membres” au cours des semaines, des milliers au cours des mois. Certains sont raccordés à des blogs qui valent la peine et sont instructifs, pendant que d’autres sont juste des groupes de conversation. Je suis chaque fois triste quand j’entends un athée me les vantant “Oh, nous avons juste environ mille membres, je pense, et nous nous connectons- je poste quelque chose presque chaque jour – et nous parlons juste de religion et comme c’est affreux, et …”

Les gens en restent typiquement là pendant quelques mois et passent ensuite à une autre cause dans laquelle ils croient, mais ne s’engagent pas. Chaque athée ne va pas être un militant infatigable ou un généreux donateur, mais c’est notre rôle de faire en sorte de consolider leur identité et qu’ils se placent là où on peut les dénombrer. Les blogs peuvent aider, et beaucoup le font, en recommandant le militantisme, mais nous devons trouver une façon de faire passer le message qu’une opinion, bien que correcte, n’est pas en soi une vertu.

Même quand les gens entrent dans nos organisations, nous faisons souvent peu pour formaliser leur engagement. Au premier contact, demander à une personne d’adhérer pourrait être prématuré, mais la demande de s’inscrire sur une liste de diffusion pour rester informés les amène à un engagement qu’ils peuvent assumer.

Cialdini relate une étude où les chercheurs sont allés voir les résidents au porte à porte pour leur demander d’afficher une grande pancarte affreuse « Conduisez prudemment » devant chez eux.
Seulement 17 % ont été d’accord. Pourtant, dans une autre partie du quartier, un autre volontaire était venu, deux semaines plus tôt, en demandant aux résidents d’afficher un petit encart, de moins de huit centimètres de large, avec “Soyez un chauffeur prudent.” C’était une demande tellement minime que la plupart des personnes avaient accepté. Parmi ceux qui avaient affiché le petit panneau, 76 % ont accepté la grande pancarte, plus laide.

Avec notre population plus restreinte, on ne pourrait pas être aussi directs, mais de petits engagements réguliers pourraient bien augmenter notre niveau de participation.

Aucune de ces propositions n’est la panacée universelle. La psychologie évolutionniste et d’autres sciences modernes ont rendu la religion plus explicable et donc moins difficile à traiter et c’est pourquoi nous pouvons dire que ce siècle est bien parti.

Nous n’en savons pas autant que nous en aurions besoin, mais nous en savons assez pour faire la différence, et armés de cette connaissance, face à un monde où les enfants sont chassés de leurs villages parce qu’ils sont qualifiés de “sorciers”, où les femmes sont soumises à la lapidation basée sur les allégations d’adultère, où on laisse des nouveau-nés mourir dans les poubelles parce que leurs mères n’ont pas eu accès à l’avortement, où les travailleurs dans un pays démocratique sont contraints de taire leurs convictions de peur de perdre leur emploi, il serait inconcevable que nous ignorions les informations dont nous disposons, que nous continuions comme avant, en argumentant sur la logique et la science, pendant que la tragédie humaine continue.

D’ici la fin de ce siècle, la religion peut devenir un vestige, toujours pratiquée par quelques excentriques, mais n’ayant aucun pouvoir sur la société. Il en sera ainsi, si nous évoluons et si nous apprenons à utiliser les outils de ce siècle.