Fernando Esteban Lozada

2017-02-25

ÉCOUTONS LES ENFANTS

Les violences sexuelles sur les enfants sont un des délits les plus aberrants que puisse commettre une personne ; cet acte possède intrinsèquement des caractéristiques particulières. Il survient le plus souvent au sein des foyers, il s’agit le plus souvent de l’inceste commis par le père sur ses enfants. Depuis quelques années ont été révélés des abus sexuels commis sur des jeunes enfants, garçons ou filles, dans des établissements scolaires dont beaucoup dépendent de l’Eglise catholique. Ces derniers cas présentent des particularités quant au modus operandi du violeur et le comportement de l’institution.

L’idéologie institutionnelle

Dans le catéchisme de l’Eglise catholique auquel on peut accéder sur le site officiel du Vatican, on trouve paragraphe intitulé : « Sixième Commandement : Tu ne commettras point d’actions impures », ce précepte se référe essentiellement à l’acte sexuel. Dans cette rubrique nous pouvons lire des sentences telles que :

  • « La chasteté est l’intégration positive de la sexualité dans le comportement de la personne »
  • « La chasteté est une vertu morale, un don de Dieu, une grâce et un fruit de l’Esprit »
  • « Sont des péchés gravement attentatoires à la chasteté, chacun d’entre eux en fonction de leur nature et de leur objet : l’adultère, la masturbation, la fornication, la pornographie, la prostitution, le stupre et les conduites homosexuelles. Ces péchés sont l’expression du vice et de la luxure. S’ils sont commis sur des mineurs, ces actes sont encore plus attentatoires contre leur intégrité physique et morale ».

Le catéchisme réunit les textes fondamentaux de la Doctrine, il est la moelle épinière de l’idéologie de l’Eglise catholique. Leur lecture nous fait comprendre que pour l’Eglise catholique faire l’amour pour le plaisir est la pire des abominations, le plus grand acte de corruption de l’esprit humain, par conséquent, dans cette logique, celui qui se tient à l’écart de cette pratique est une autorité morale immaculée. De son point de vue, les abus sexuels commis sur les mineurs sont des « péchés commis contre la chasteté », l’accent est mis sur cet aspect et non sur les dommages causés aux petits garçons et aux petites filles. Par ailleurs l’Eglise place un pied d’égalité tant le stupre que la masturbation, l’adultère ou l’homosexualité considérés comme vices générés par la luxure. Bref, il s’agit là d’une véritable aberration. Bien que de temps à autre la hiérarchie intervienne sur le mode de l’éloquence et de la repentance, en réalité, elle ne livre jamais ses membres à la Justice, ni même ne collabore. Le plus souvent ces délits sont couverts.

L’Eglise catholique apostolique et romaine qui soumet ses prêtres à des règles difficiles à suivre, se targue de forger des hommes probes. Principaux militants de l’Eglise, il doit émaner d’eux-mêmes une aura de sainteté. En dépit du violent effort pour réprimer leur libido, pour demeurer « purs et chastes » beaucoup d’entre eux tombent de temps à autre dans le péché, ils en éprouvent très certainement un fort sentiment de culpabilité qui les poussent à la discrétion. Souvenons-nous que le célibat des prêtres a été imposé au moyen âge comme moyen pour l’Eglise d’hériter des propriétés des curés aisés, ceux-ci devant rester sans descendance.

Chez les séminaristes les plus faibles psychiquement, sexuellement immatures ou chez ceux développent une perversion, la répression du séminaire combinée à la misogynie et postérieurement au contact fréquent avec les enfants, les incitent à commettre des actes de pédophilie qui peuvent devenir chroniques. Il est clair que le schéma répressif auquel ils sont soumis les dispense de toute culpabilité. Selon la Doctrine Sociale de l’Eglise et la Catéchèse, lorsqu’un acte de perversité sexuelle est commis sur un enfant il s’agit simplement d’une entorse au sixième commandement qui peut être pardonnée par la repentance, l’expiation des fautes relevant d’un simple rite liturgique. Les religieux qui se livrent à ces actes aberrants, à ces crimes, lorsque ceux ci sont de notoriété publique, sont transférés dans un autre diocèse où sera ignorée leur faiblesse devant le péché. S’il existe une procédure canonique pouvant aboutir à l’expulsion du fautif, celle-ci n’est jamais mise en place. Le seul droit reconnu par l’Eglise est le droit canon, en conséquence, bien que l’abus sexuel sur les mineurs constitue un délit grave, l’institution préfère cacher les faits pour préserver son autorité morale sur la société et l’Etat.

En février 2016, le Vatican a publié via La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, (ex Inquisition) une lettre circulaire traitant des abus sexuel commis sur des enfants par des prêtres, intitulée « Coopération avec l’Autorité civile ». On y parle – dans l’abstrait- de collaboration, mais à aucun moment de signalement de la propre initiative de l’institution. L’axe central du document repose sur le « Guide pour le traitement des cas d’abus sexuel sur les mineurs commis par les prêtres ». Au point G on peut lire : « La ligne directrice doit prendre en compte la législation du pays où réside la Conférence Episcopale, en particulier pour ce qui a trait à l’obligation éventuelle de signalement aux autorités civiles ». Monseigneur Tony Anatrella, consultant près le Conseil Pontifical de la Famille et le Conseil Pontifical pour la Pastorale des Agents de Santé, dans un souci de clarification a écrit un texte à l’attention des Séminaires dont un passage précise qu’il y a obligation à traduire devant la Justice les prêtres ayant commis des violences sexuelles sur des enfants, citation : « ce n’est pas nécessairement le devoir de l’évêque de dénoncer les suspects aux autorités, à la police ou aux procureurs car c’est via le monde extérieur qu’ils ont eu connaissance de ces délits ou actes de péché ». Il convient de signaler que ce prêtre et psychothérapeute, Assesseur du Vatican en matière de sexologie, a été accusé par quatre hommes d’avoir exercé des violences sexuelles.

Ce système quasi millénaire de travestissement – de nos jours un peu plus opaque – repose sur une trame complexe de connivences avec de puissants réseaux dont bénéficient les pédophiles, les réseaux de violeurs, de prostitution et de pornographie infantile. Parfois cachée dans des institutions ecclésiales, d’autres fois bénéficiaires des stratégies mises en œuvre par le clergé pour dissimuler les violences sexuelles faites aux enfants. Le Vatican met aussi à profit les outils mis en place par les pédérastes comme le prétendu « syndrome d’Aliénation Parentale » et son corollaire la « construction en commun » pour bloquer les différentes plaintes concernant les violences sexuelles faites aux enfants.

Les collèges catholiques sont le lieu d’évangélisation privilégié dans lequel les parents autorisent l’intériorisation de l’idéologie catholique chez leurs jeunes enfants, croyant naïvement que cet enseignement leur inculquera de hautes valeurs morales. De surcroit, ils croient en la probité morale des religieux qui leur enseignent la morale. Quand on découvre un cas de corruption de mineurs ou de violences sexuelles faites aux enfants dans une institution confessionnelle, l’Eglise catholique active ses mécanismes de dissimulation ancestraux. Il est bien connu que les pédérastes et leurs réseaux voient en ces lieux des refuges et des lieux d’approvisionnement de mineurs. La révélation des affaires de pédérastie dans les établissements d’enseignement catholiques leur enlèverai tout prestige et la société civile pourrait en déduire que les milliers de cas d’abus sexuels avérés commis par des curés dans notre pays et dans le monde entier, avant de se multiplier prennent leur source en ces lieux. La conséquence serait la baisse des inscriptions, et partant, l’impossibilité de continuer à former de nouveaux catholiques, de plus, cela compromettrait le versement annuel de la subvention des cinq millions de pesos versée par l’Etat aux écoles catholiques hors contrat.

La crainte de l’épidémie

Des médias dépourvus de toute éthique ainsi que d’autres secteurs mal intentionnés ont installé dans l’imaginaire collectif, et particulièrement au sein de la communauté éducative, l’idée qu’il existe une « épidémie » de plaintes pour violences sexuelles faites aux enfants dans les écoles et particulièrement celles directement gérés par le diocèse. A cause de cela, les enseignants hésitent à accompagner les enfants aux toilettes, ils se tiennent à distance des élèves de peur d’éveiller les soupçons. C’est affreux de priver les jeunes enfants d’un traitement affectueux de peur de se voir un jour impliqué dans une affaire. Me référant à la ville de Mar del Plata, j’ai tenté de vérifier dans les publications judiciaires et syndicales le nombre de plaintes pour abus sexuel sur mineurs déposées pendant ces quinze dernières années. Je n’ai trouvé que quatre cas, celui du Divino Rostro (2002), de Nuestra Señora del Camino (2002), de San Antonio M Gianelli (2013) du Jardin Mamina (dans cette affaire qui date de 2012, c’est la même enseignante du « Gianelli » qui est impliquée). Dans le district exercent plus de dix mille enseignants. De manière significative on peut conclure que chaque année 0,01 % du personnel enseignant fait l’objet de plaintes que ces personnels appartiennent pour la plupart à des collèges gérés par l’Evêché. Je n’ai pas désiré faire porter l’étude sur les établissements des environs comme le collège catholique Anna Bottger de Villa Gesell.

L’installation d’un climat de peur crée un environnement protecteur ; s’inscrivant dans une stratégie médiatique, les abuseurs cherchant l’appui de la population en cas d’implication dans des scandales de pédophilie.

Les stratégies de défense spécialisées

Nous avons constaté que ceux qui vivent de la défense des agresseurs des mineurs, dans le monde entier, utilisent les mêmes stratégies. Malheureusement, les stratagèmes mis en place, aussi grossiers et malhabiles fussent-ils, sont très efficaces sur les instances judiciaires, parfois à cause du manque de préparation des procureurs, experts et magistrats, parfois tout simplement parce qu’ils induisent un tribunal à minimiser les chefs d’accusation.

Les stratégies de défense spécialisées en matière de violences sexuelles faites aux enfants ne visent pas à garantir des procès équitables pour les victimes de ces délits, elles reposent sur des techniques malhonnêtes, concoctées pour détruire ceux qui écoutent les petits et veulent protéger les enfants outragés. En conséquence les victimes sont doublement « victimisées », et non seulement pendant la durée du procès mais bien après, la contrainte disciplinaire pour avoir osé divulguer un secret qui devait demeurer caché sur injonction des de ses auteurs ou de l’institution, perdure bien au-delà. On s’efforce de faire croire que les enfants maltraités sont des menteurs, des affabulateurs du fait qu’elles font état de fantaisies sexuelles inconcevables à leur âge. Ils en porteront les stigmates toute leur vie.

Dans certains cas, pour obtenir des réductions de peine, on en est arrivé à présenter devant les tribunaux comme circonstance atténuante que les actes survenus, bien qu’ils relèvent d’une pratique inappropriée causaient du plaisir à la victime où qu’ils s’étaient produits que les enfants avaient provoqué les adultes et que pour des enfants abusés nés dans une famille pauvre la notion de corruption leur était étrangère car la promiscuité était chose courante dans leur environnement social.

Lorsque les faits surviennent dans une institution qui les occulte, les parents sont traités d’hystériques, d’affabulateurs, de personnes intéressées à se procurer de l’argent par n’importe quel moyen. On prétend qu’ils sont insensibles au traitement brutal opéré par les médias irresponsables et que la justice n’est pas préparée pour entendre les jeunes enfants. On invente un scénario et on pousse les petits à le répéter, ce qui génère chez eux des troubles d’ordre physique qui présument d’un abus sexuel, comme l’incontinence urinaire ou fécale, ce qui n’est pas démontrable scientifiquement.

Lorsque les plaintes sont nombreuses, on avance que les géniteurs créent une association illicite, poursuivant des buts inavouables. Statistiquement, la majorité des cas de plainte pour abus sexuel sur enfant dérivent d’une relation incestueuse parent enfant. La défense tente donc parfois de démontrer que tout cela n’est qu’une farce destinée à masquer un abus sexuel commis en famille.

Les violeurs d’enfants utilisent des tactiques pour confondre leurs victimes, en détournant le nom des choses en travestissant les lieux où ils commettent leurs crimes de sorte qu’à première vue, les récits paraissent incohérents, voire impossibles. Les avocats qui les défendent utilisent ce stratagème pour discréditer le récit du jeune enfant, fondement principal de ce type d’affaires. Il est courant de lire dans leurs argumentaires : « ce n’est pas faisable », « en ce lieu c’est impossible », « avec cet objet ce que dit l’enfant est irréalisable » méconnaissant ainsi à dessin que l’enfant a été manipulé pour l’empêcher de relater avec précision les actes dont il a été victime.

Les experts sont la cible principale des pédophiles, ils sont attaqués ad hominem devant les tribunaux et dans les médias qui n’hésitent pas à étaler leur vie privée. Les spécialistes de ces conduites aberrantes sont accusés de « voir des abus sexuels à tout bout de champ ». On tente de les discréditer en convoquant des professionnels à l’éthique douteuse payés pour réfuter les argumentaires sur la base de théories étrangères à la psychologie et à la psychiatrie. En prévision de futures confrontations judiciaires, on les accuse de faux témoignages et on tente de faire invalider leur accréditation, parfois avec succès. Ce genre d’acharnement tend à inverser les rôles c’est l’expert qui est assis au banc des accusés et non le présumé coupable.

Les avocats spécialisés dans la défense des prédateurs sexuels des mineurs établissent des argumentaires pervers, cherchant à transformer l’accusé en victime, inventant des menaces contre lui et son entourage. Ils cherchent à convaincre l’opinion publique que leur client est en réalité la victime d’une psychose sociale, une pandémie dans laquelle les parents dénoncent de façon compulsive des personnes en contact avec leurs enfants, alors que dans les faits, le nombre de plaintes contre des professionnels impliqués dans des affaires d’abus sexuels sur mineurs est minime, rapporté aux effectifs globaux de leur profession de même que le volume des condamnations.

Ces pratiques néfastes prennent leur source dans la théorie du « Syndrome de l’Aliénation Parentale », postulat étranger à la science à fort contenu idéologique dont le label scientificité réside dans l’affirmation de son inventeur. Son théoricien est un pédophile usurpant la qualité de psychiatre du nom de Richard Gardner. Dès 1985 il affirmait que le dit syndrome était un désordre psychologique chez l’enfant, essentiellement généré par la mère. Le curriculum vitae de cet imposteur est introuvable, on sait seulement qu’il fut sergent de l’Armée des Etats Unis et qu’il défendit sur la base de son postulat des soldats accusés d’abus sexuels. En dehors des prétoires le Syndrome de l’Aliénation Parentale ne fut jamais diagnostiqué du fait que l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Association Américaine de Psychologie ne le reconnaissent pas, qu’il n’apparait sur aucune liste de pathologies dans aucun manuel de médecine. On peut d’ailleurs douter de l’état de santé mentale de Gardner qui se suicida en 2003, à l’âge de 72 ans, en se poignardant à 14 reprises.

Le succès de la théorie du « Syndrome de l’Aliénation Parentale » et de ses stratégies connexes est peut être dû à sa facile compréhension – bien qu’elle soit totalement erronée, il n’est pas nécessaire d’avoir suivi des études universitaires pour la comprendre – et au fait qu’elle agglutine des préjugés sociaux considérés comme des vérités. Par ailleurs la majorité de la société peine à accepter que les abus sexuels sur les enfants sont commis par des personnes de leur entourage de même origine socio ethnique.

Un cas d’école

En septembre 2013 une trentaine de familles ont porté plainte devant le Commissariat aux Droits des Femmes de Mar del Plata contre la professeure de musique Analía Schwartz, pour abus sexuels sur mineurs âgés de 3 à 5 ans scolarisés au collège catholique San Antonio M. Gianelli. Entrée en scène immédiate de l’Avocate Patricia Perelló, connue en ville pour offrir ses services à l’Evêché dans des affaires similaires survenues dans des institutions de l’enseignement catholique. Sa première initiative a consisté à alerter les medias de sorte à susciter un mouvement de solidarité avec l’accusée, victime présumée de la pandémie de plaintes mensongères visant des enseignants. Peu de temps après il a fait savoir qu’elle-même avait fait l’objet de menaces du fait d’avoir assuré la défense de Mme Schwartz. La machine à protéger les violeurs s’était mise en marche.

Suite à la mise sur la place publique des plaintes, les parents d’élèves du Jardin d’Enfants « Mamina » de l’Institut Educatif « Flemming » reconnaissent dans la presse la maîtresse de leurs enfants et formulent des accusations similaires, le nombre de plaintes s’élevant ainsi à 56. Trois mois après le dépôt des premières plaintes un groupe d’enseignants a pris publiquement la défense des enseignants visés par de fausses accusations de maltraitance.

On observe que ce genre de persécutions envers les éducateurs et les accusations présumées mensongères pour abus sexuel et maltraitance sur des petits garçons et des petites filles en milieu scolaire sont quasi inexistantes dans d’autres catégories d’affaires.

L’accusée déclara dans les colonnes du journal de plus grand tirage de la ville, la Capitale » que l’on avait ruiné sa vie, qu’elle et ses enfants avaient subi des menaces, que ses anciens élèves avaient été manipulés.

Et puis, l’Evêque de Mar del Plata convoqua dans ses locaux plusieurs réunions, fit appel à ses contacts, allant même jusqu’à à mobiliser ses « appariteurs musclés » pour escorter l’accusée sur le chemin du tribunal, protection uniquement accordée en cas d’implication dans la commission d’abus sexuels. Le 16 février 2017, une semaine avant l’ouverture du procès fut célébrée en la cathédrale une messe pour « la famille du Gianelli » pour soutenir les enseignants outragés et parmi eux Analía. Pas un mot pour les enfants. Les collèges privés étant majoritairement administrés par l’Eglise catholique le SADOP, syndicat des enseignants du privé tenta de présenter au procès un mémoire en défense de l’accusée sous la figure juridique « amicus curiae » les amis de la cure.

L’avocate de la Défense publia dans les colonnes de « La Capitale » des fragments des témoignages des enfants dans le but de démontrer que les récits des enfants étaient invraisemblables. Ces agissements sont totalement condamnables dans la mesure où l’enfant est soumis à une double peine, en outre ces témoignages doivent être décryptés par des spécialistes du comportement humain aptes à les placer dans le contexte du psychisme d’un jeune enfant.

Cette affaire renforce les soupçons qui pèsent sur les collèges sous l’autorité du Diocèse, par contre le Lycée Flemming au début de l’affaire a eu peine à y croire. Même si au final le Collège « Gianelli » a collaboré ouvertement avec la justice, en parallèle il est soupçonné de dissimulation, instruction initiée par le Procureur portant, entre autre, sur le « maquillage » de la salle de classe où il était soit disant impossible que soient commis les abus sexuels supposés. Des documents ont également disparu du cabinet pédagogique. En outre, on a incité les enseignants à vendre dans les locaux du collège des tea- shirts et pour une vingtaine d’entre eux, à distribuer des tracts de soutien à l’accusée devant la porte d’entrée de l’établissement, tout en sachant pertinemment qu’à cet endroit se réunissent des garçons et des filles membres des familles plaignantes.

Une défense d’anthologie

Les arguments de la défense sont :

  • Les justifications avancées par les parents sont fragiles.
  • Mme Schwartz n’a jamais été seule dans les salles de classe, l’enseignante titulaire de la classe ou la préceptrice étaient toujours présentes.
  • Il est impossible que les actes imputés à l’ex enseignante aient été commis dans les locaux des deux collèges vu la configuration des lieux.
  • Il est impossible que quarante enfants gardent un secret aussi longtemps ce qui implique une totale méconnaissance de la psychologie infantile.
  • Le Procureur Castro écarte tous les témoignages apportés par la défense, c’est-à-dire des bonnes sœurs, des enseignantes et d’anciens élèves.
  • Une des plaignantes est inculpée pour vol à main armée ce qui aura une incidence sur la véracité de son témoignage.
  • Il est impossible que les mineurs de l’Ecole Flemming âgés de quatre ans au moment des faits présumés se souviennent d’attouchements sexuels un an plus tard.
  • Les prestations de Me Catera Expert assermentée et de Me Patricia Gordon sont déplorables. Le caractère de la première est qualifié d’instable. La seconde voit qualifier ses interventions de préjudiciables, manquant de cohérence et peu fondées en matière d’abus sexuel sur enfant. Il est dit qu’elle voit des abus sexuels dans toutes les affaires dans lesquelles elle intervient et dont elle s’enrichit.

Clairement, l’Avocate Patricia Perelló et son équipière Noelia Agüero suivent à la lettre le « manuel international de défense des abuseurs » et sont sous l’influence du Syndrome de l’Aliénation Parentale.

Dans l’affaire Schwartz, sans être expert en la matière, les arguments peuvent être facilement retournés.

Il est difficilement crédible que presqu’une centaine de géniteurs, parents d’élèves de collèges différents enseignés dans trois salles de classe différentes du Collège Gianelli aient pu se concerter pour que leurs enfants inventent des récits d’abus sexuels.

Eu égard à son impossibilité pour des questions de délais et de visibilité, l’abus sexuel peut être commis brièvement. Les pervers qui agissent de la sorte recherchent ou génèrent des situations propices, planifient leurs manigances pour agir à couvert ; ce sont des manipulateurs de personnes dignes de foi qui trouvent les moments opportuns pour commettre leurs forfaits. N’oublions pas, qu’après le dépôt de la plainte contre le « Gianelli » les salles de classe furent « maquillées » à plusieurs reprises. La Cour de Cassation, dans son arrêt 76248-723-S-30/08/2016 a exposé de façon péremptoire le critère dont devraient s’inspirer tous les tribunaux : « A la lumière des caractéristiques particulières que présentent les différentes formes d’abus sexuels sur les mineurs, l’objection de la défense axée sur la relative indétermination du moment et des lieux où se produisent les faits criminels n’entache pas de vice de forme l’accusation étayée par les plaignants, car, prétendre établir les circonstances exactes du délit, lieu, date, heure, circonstances est pratiquement impossible dans la plupart des cas ».

Les enfants peuvent garder le secret pendant des années, parce que leurs corrupteurs en un premier temps, gagnent leur confiance, avant de les intimider en développant des arguments fantaisistes crédibles par un jeune enfant, dans des institutions religieuses qui brandissent le cas échéant le châtiment divin, et qui plus tard, jouent sur la culpabilité en leur faisant croire que, d’une certaine façon, ils sont complices. C’est ainsi que l’on affirme d’une part que 40 enfants ne peuvent se taire sous la menace mais que, chacun d’eux peut inventer une histoire et la confirmer dans la durée.

On doute du Procureur qui met en cause les témoignages des enseignants et des anciens élèves, mais on demande qu’il prenne pour argent comptant le récit des mineurs et de leurs géniteurs. De plus, il existe des témoignages des employés à l’entretien accusant le « Gianelli ».

La défense affirme que les victimes du « Fleming » mentent parce qu’à l’évidence, à leur âge, ils ne peuvent se souvenir des faits un an après leur survenance ; toutefois, le procès va commencer trois ans après les plaintes. Notons que le tribunal a ouvert les débats en se fondant essentiellement sur les témoignages. Du point de vue des différentes sciences qui étudient le comportement humain, l’argument ne tient pas.

La critique adressée à la Procureure pour affaires personnelles est clairement une attaque ad hominem voilée que ne mérite pas que l’on s’y attarde, depuis elle a travaillé en tandem avec une consoeur, elle aussi spécialiste. Les qualificatifs dont la défense affuble Maître Gordon, Expert au procès, sont contradictoires et infondés. On l’accuse de n’être pas suffisamment formée, alors qu’il est de notoriété publique, particulièrement ses pairs, reconnaissent engagement intellectuel et humain dans la lutte contre ce fléau. Ses détracteurs disent qu’elle voit des abus sexuels dans toutes où elle est impliquée, alors que d’autres experts n’en voient aucun ; cette affirmation tient au fait qu’elle a été bien des fois confrontée à des affaires d’abus sexuels vu que Mme Gordon est souvent convoquée en reconnaissance de son expertise. Quant à l’accusation d’enrichissement, l’ONG présidée par l’expert conseille gratuitement et n’est nullement subventionnée, celle qui, en vérité, tire profit de ces situations est bien l’Avocat de la Défense Perelló.

Conclusion personnelle

Le jugement s’est ouvert depuis quelques heures au Tribunal ——N° 1, l’ex enseignante Analía Schwartz est accusée dans 44 affaires, toutes pour corruption de mineurs dont neuf pour abus sexuel. Les familles affectées se divisent en trois groupes, l’un d’entre eux n’est pas défendu par un avocat, les deux autres sont représentés par Maître César Silvio et Maître Toscano.

Vu les preuves présentées dans les plaintes et la stratégie de la Défense, le Tribunal composé par Facundo Gomez Orso, Aldo Carnevale et Pablo Viñas se montre imperméable aux théories pseudo scientifiques et aux stratégies médiatiques diffamatoires, de plus, il travaille en faisant siens les paramètres de la protection de l’enfance qui émanent de notre constitution. Le dénouement ne peut aller que dans le sens de la justice pour les enfants qui ont vu leur innocence outragée.

Je remercie particulièrement le Juge Fédéral Carlos Rozansky, le psychiatre Enrique Stola, l’Expert Psychologue Oswaldo Fernandez Santos et le Philosophe prêtre défroqué Rubén Dri. Les entrevues m’ont permis de comprendre la complexité et la dimension véritable de la calamité que constitue l’abus sexuel sur les enfants.

Notes sur l’Avocat de la Défense

L’avocate Patricia Perelló a commencé sa carrière en défendant le boxeur féminicide Carlos Monzón puis a défendu les policiers assassins et violeurs de Natalia Melmann, qu’elle prétend aujourd’hui faire libérer. Elle toujours médiatisé les affaires les plus complexes, pour en tirer avantage et alimenter son égo. Il est clair que dans la plupart des cas, ce procédé « victimisait » les victimes de ses clients. Elle a défendu un nombre incalculable se pédophiles, abuseurs, violeurs des deux sexes, telle est sa spécialité. Souvenons- nous qu’elle a défendu ont défendu Elma Pandolfi condamnée à sept ans de prison pour avoir commis des abus sexuels sur des enfants âgés de 4 à 5 ans, au Collège « Divino Rostro », en français « la Sainte Face »…

Perelló s’arrange toujours pour rendre service à ses clients, quelque en soit le coût. L’ex – professeur ne fut détenue dans une prison de femmes que six mois à peine. Elle bénéficia ensuite de la Détention domiciliaire, pour avoir souffert du « harcèlement de la part des autres détenues », ce qui « affectait son psychisme ». La stratégie consiste à effrayer systématiquement les parents des enfants abusés sexuellement, à discréditer et dénoncer les experts et de traiter les victimes de menteurs. Cela reste généralement sans conséquences, mais récemment l’instance judiciaire impliquée dans la protection des droits a ouvert une enquête parce qu’elle avait divulgué dans un journal local les déclarations d’enfants victimes d’abus sexuels. Un peu plus tard, le Barreau a diligenté une enquête pour des faits similaires.

Fernando Esteban Lozada
Porte-parole et Directeur de l’AILP pour l’Amérique Latine.
Membre du Collectif d’Argentine pour un Etat Laïque (CAEL)
Président du Congrès National de l’Athéisme en Argentine.
Ex Président et titulaire des relations inter institutionnelles de l’Association Civile des Athées de Mar del Plata
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