Deuxième guerre mondiale mai 1942 :

En mai 1942, il y a 80 ans, la hiérarchie de l’Église catholique en France envoyait à toute la population un tract au sujet de la Seconde Guerre mondiale. Le document qui suit, exhumé par le porte-parole de l’Association internationale des libres penseurs, Keith Porteous Wood, donnait l’ordre de faire allégeance au maréchal Pétain, marionnette d’Hitler et des nazis. Il reste peu de gens qui savent que l’Église catholique est intervenue pendant la Seconde Guerre mondiale, et encore moins quelle forme cette intervention a prise. Les générations actuelles et futures doivent être informées de ce que l’Église catholique, qui prétend être la gardienne de la conscience de la France et de son autorité morale, a fait pendant les heures les plus sombres de la France.

page de couverture du document

 

Intérieur du document :

S. E. le Cardinal SUHARD, archevêque de Paris :

“La nécessité du moment est celle de l’union entre les Français. Or la nécessité de s’unir implique pour eux le devoir de se serrer autour des chefs légitimes, de les écouter, d’accepter loyalement les consignes qu’ils donnent …

“La confiance, qui la refuserait à un homme qui force l’estime de tous les Français, tant par la lucidité de son intelligence et la droiture de son caractère que par le dévouement qu’en tout temps il a voué au pays, et dont il a donné en ces circonstances sans précédent, le suprême témoignage ?”

(Semaine Religieuse du 20 novembre 1940)

SE. le Cardinal LIENART, évêque de Lille :

“Nous ne devons pas désespérer, faisons confiance aux chefs qui nous guident et qui détiennent de si lourdes responsabilités. Demandons à Dieu qu’il les éclaire …

“Serrons-nous tous autour de ceux qui ont la lourde tâche, dans la misère où nous sommes de porter le drapeau de la France et de préparer ses destinées.”

(Discours prononcé en l’église du Sacré-Cœur de Roubaix le 27 octobre 1940)

S. E. le Cardinal BAUDRILLART, Recteur de l’Institut Catholique :

”Serrons-nous autour du Chef et du père qui incarne aujourd’hui la France. Suivons notre Chef, ses ordres, ses conseils. Remercions Dieu de nous l’avoir donné à l’heure où tout semblait perdu. Non, tout n’est pas perdu, pourvu que nous sachions à temps choisir, vouloir, obéir.”

(Déclaration à l’agence Inter-France, 30 novembre 1940)

S.E.  Mgr DUBOURG, archevêque de Besançon :

“Refuser de suivre le Maréchal, ce serait l’accuser témérairement de trahir la Patrie, alors que toute sa vie fut une vie d’honneur et de dévouement au service de la France et qu’il s’est donné à elle, au jour ou elle était vaincue pour la sauver d’une ruine totale.

“Quand un homme assume une telle charge, éclairé par son expérience et par le sentiment qu’il a de sa responsabilité, il a droit à la reconnaissance et au dévouement du pays, et ceux qui sont sous ses ordres doivent le suivre, fût-ce au prix de leurs convictions personnelles.”

(Semaine Religieuse du 19 juin 1941)

S. E Mgr FELTIN, archevêque de Bordeaux :

“Les catholiques fidèles à la doctrine de l’Église doivent donc, mieux que tous les autres respecter l’autorité légitimement établie dans la Patrie. Et quand celui qui la détient en a reçu l’investiture officielle d’une Assemblée nationale, quand il a été librement choisi ; quand il a manifesté, dans le passé, une héroïque vaillance, et, dans le présent, un sens politique avisé, qui pourrait lui refuser respect, obéissance loyale et confiance ?”

(Semaine Religieuse du 28 février 1941)

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S. E. Mgr FILLON, archevêque de Bourges :

“Il appartient au Chef de l’État de s’adresser au citoyen. Suivez-le, c’est un guide sûr, clairvoyant et de grande noblesse d’âme ; un chef qui ne redoute pas de prendre ses responsabilités devant l’histoire. Il appartient à l’Évêque, dans la lumière de la Foi, d’orienter la conduite chrétienne de ses fidèles.”

(Discours prononcé à la Cathédrale le 13 novembre 1940)

S. E. Mgr GUERRY, coadjuteur de Mgr Chollet, archevêque de Cambrai :

“Affirmée par Notre-Seigneur lui-même, enseignée par les Apôtres Pierre et Paul, la doctrine de la soumission à l’autorité légitime est traditionnelle dans l’Eglise.

“Cettre [sic: sc. Cette?] doctrine créée pour les catholiques, à plus forte raison pour les prêtres, une obligation de conscience.

“Or, quelle est l’autorité légitime en France à l’heure actuelle ? Il n’y en a qu’une, celle du Maréchal Pétain. »

(Directives de S. E. Mar Guerry aux Retraites ecclésiastiques de 1941)

S. E. Mgr MARMOTTIN, archevêque de Reims :

“Le Maréchal Pétain détient légalement, depuis le 10 juillet 1940, le pouvoir de gouverner l’Etat Français. Donc, un catholique français a, en conscience, le devoir de lui obéir, de le servir, de le soutenir. C’est-à-dire qu’il est coupable d’un péché s’il ne le fait pas, s’il se met en opposition avec lui. Beaucoup sans doute ne s’en doutent pas parce qu’ils ne sont pas instruits de leur religion. Là est pourtant la vérité.

“Dès lors ce catholique commet un péché, et qui peut être grave, s’il prend le parti des rebelles, de ceux qui refusent de reconnaître le Chef de l’Etat, et qui se révoltent contre son autorité. Reprenons à leur adresse la parole de Saint Paul : ‘Celui qui résiste au pouvoir légal résiste à l’ordre de Dieu ; il se prépare un châtiment.’ “

(Notre Journal, 25 janvier 1942)

S. E. Mgr ROQUES, archevêque de Rennes :

“Depuis quelque temps des catholiques sincères, qui veulent suivre fidèlement les enseignements de l’Église, nous demandent de préciser si, au milieu du désarroi général, une attitude définie s’impose en face du Pouvoir et singulièrement à l’égard du Gouvernement actuel de la France personnifié par le Maréchal Pétain.

“La réponse à cette question découle tout naturellement des principes de l’Évangile et de la doctrine de l’Église et la solution de la difficulté, si difficulté il y a, se trouve dans la récente Déclaration des Cardinaux et Archevêques, qui se sont exprimés récemment avec tant de clarté que seuls pourraient demeurer encore dans l’hésitation ceux qui se laisseraient diriger par le caprice au lieu de suivre la raison.”

(Semaine Religieuse du 6 septembre 1941)

S. E. Mgr PETIT DE JULLEVILLE, archevêque de Rouen :

“Nous devons rendre un hommage de respect et de gratitude à notre Chef, à son désintéressement, à son amour ardent du pays, à sa foi dans ses destinées. Il aurait pu s’envelopper dans sa gloire, et regarder de haut les événements. Il a voulu tout au contraire prendre sur lui les humiliations et les souffrances de la Patrie, et être le premier artisan de son relèvement matériel et moral. Pour un tel geste d’abnégation monte vers le Maréchal Pétain la reconnaissance de tout un peuple. “

(Semaine Religieuse du 11 janvier 1941)

 

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S. E. Mgr LAMY, archevêque de Sens :

“Je prie instamment mon cher clergé de garder un loyalisme entier et dévoué envers l’autorité légitime du Chef de l’Etat, d’éviter l’esprit de dénigrement et de critique, de découragement et de désunion.”

(Lettre à son clergé)

 

S. E. Mgr GAILLARD, archevêque de Tours :

Les citoyens français ne sont pas seulement les amis, mais les sujets du Maréchal Pétain, à qui le Parlement français, détenteur de l’autorité légitime, a remis le pouvoir. Reconnaître le Maréchal comme Chef de l’Etat, obéir à ses ordres est un devoir de conscience.

(Semaine Religieuse du 10 janvier 1941)

S. E. Mgr MARTIN, évêque d’Amiens :

Il semblerait si simple, puisque nous ne possédons pas de renseignements certains sur les événements qui se déroulent, de faire confiance au Chef légitime placé par la Providence à la tête du pays, qui, lui, sait ce qu’il en est, ce qu’il veut et où il nous conduit. Malheureusement, chacun s’érige en juge, se croit pratiquement infaillible, s’obstine dans son idée et se refuse à tout essai de compréhension de la pensée d’autrui. Or, est-ce aimer vraiment notre pays et vouloir le relever que de contribuer par nos divisions à le partager en deux camps hostiles, dressés l’un contre l’autre ? Le Maréchal ne nous a-t-il pas prévenus : ‘ Un Pays battu, s’il se divise, est un Pays qui meurt. Un Pays battu, s’il sait s’unir, est un Pays qui renaît.’ Echo lointain, mais fidèle, de l’avertissement du Christ : ‘Tout royaume divisé contre lui-même périra.’ “

(Lettre pastorale pour le Carême 1942)

S. E. Mgr COSTES, évêque d’Angers :

“Gardez votre fidélité à la Patrie, et par elle et pour elle, au Chef vénéré de l’Etat que Dieu lui a aménagé dans ses malheurs… chef digne de respect et d’obéissance que la Providence a suscité au soir de notre défaite.”

(Semaine Religieuse du 26 octobre 1941 et Lettre pastorale du 11 février 1941)

S. E. Mgr MEGNIN, évêque d’Angoulême :

“ Le Maréchal Pétain, le grand Français, qui n’a voulu écouter en cette heure pour lui particulièrement crucifiante, que son amour pour la France, a donné, dans la nette vérité, les consignes sages et ardentes auxquelles chacun doit se plier. Qui ne sent le péril mortel qu’entraînerait présentement une division entre les Français ?…

Nous ne saurions omettre dans nos souhaits et dans nos prières, celui qui depuis dix-huit mois assume avec un héroïque esprit d’abnégation la mission et la charge de sauver, avec l’aide de Dieu, l’existence, l’avenir et la grandeur de la France. Demandons pour lui l’assistance divine qui est nécessaire à tous ceux qui gouvernent les peuples, mais dont le besoin s’avère spécialement impérieux au milieu des tragiques difficultés que connaît notre Patrie.”

(Semaines Religieuses du 30 juin 1940 et du 28 décembre 1941)

S. E. Mgr DUTOIT, évêque d’Arras :

“Le gouvernement du Maréchal Pétain est le gouvernement légitime de la France. Il a reçu l’investiture officielle d’une Assemblée nationale.

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Il ne s’est pas imposé par la violence, il émane d’un choix librement consenti. Les circonstances ont désigné le Maréchal Pétain et ce sont les représentants du pays qui l’ont élu…

“Nous avons un gouvernement et il ne peut y en avoir d’autre. Nous sommes tenus de pratiquer à son endroit le devoir de respect et d’obéissance que prescrit la conscience chrétienne…

“Notre devoir est simple autant qu’il est grave : suivre et appuyer de notre confiance le Maréchal Pétain.

“Demandons s’il y a un Français qui se sente d’humeur et de taille à donner des leçons de patriotisme au vainqueur de Verdun et au sauveur de l’armée chancelante de 1917 ?

“A cette faveur que Dieu nous a faite d’un chef incontesté et incontestable, répondons par une inviolable fidélité au devoir de l’obéissance.

(Lettre pastorale du 22 decembre 1940)

S. E. Mgr LEBRUN, évéque d’Autun :

“Ils ont avant tout besoin, les Français de 1941, d’oublier leurs querelles et leurs divisions, de s’unir fraternellement autour de l’héroïque soldat qui conduit les destinées de la Patrie, pour travailler, avec lui, d’un même cœur, à la rude tâche, à la tâche immense qui leur est échue : refaire une France plus belle et plus digne de son glorieux passé, une France redevenue fidèle à sa vocation de nation chrétienne.”

(Lettre pastorale du 25 mai 1941)

S. E. Mgr PICAUD, évêque de Bayeux :

“Dieu prépare le renouveau de la France. Prions pour qu’il éclaire et guide le Maréchal.”

(Semaine Religieuse du 4 janvier 1942)

S. E. Mgr VANSTEENBERGHE, évêque de Bayonne :

“Serrez-vous autour du Chef dont le noble caractère force le respect de tous et pour le dévouement duquel nous ne saurions éprouver trop de reconnaissance.”

(Semaine Religions du 29 décembre 1940)

S. E. Mgr ROEDER, évêque de Beauvais :

“Quand l’Apôtre disait aux Romains : ‘Tout pouvoir vient de Dieu… Résister au pouvoir, c’est résister à Dieu’, le Chef de l’Etat s’appelait Néron. Que dirait Saint Paul aujourd’hui où notre Chef est un vieillard chargé de gloire et d’années, d’honneur et de mérites, animé des intentions les plus pures et les plus droites ?

“Son pouvoir est le seul ; les ‘flatus vocis’ d’une radio étrangère ne sont pas un pouvoir. La morale catholique veut qu’on obéisse en conscience au Maréchal Pétain.”

(Discours prononcé à la Cathédrale le 23 novembre 1941)

S. E. Mgr AUDOLLENT, évêque de Blois :

“ … le Chef de l’Etat, celui qui incarne, à cette heure, les destinées de la Patrie, celui qui a fait don de tout lui-même à la France et dont je retracerai simplement le portrait, en lui appliquant les paroles dites de notre Saint Louis : ‘Vaillant dans la guerre, juste dans la paix’.”

(Allocution prononcée à la Cathédrale le 28 septembre 1911)

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S. E. Mgr TISSIER, évêque de Châlons :

“A l’autre guerre, une expression heureuse, dont la réalisation assura pour une grande part la victoire finale, fit frissonner la France d’une frontière à l’autre. Qu’aujourd’hui cette ‘union sacrée’ d’hier nous rassemble encore tous et nous tienne étroitement unis dans la main providentielle de celui qui met tout son dévouement et toute son autorité à restaurer nos ruines.”

(Lettre pastorale du 11 février 1941)

S. E. Mgr HARSCOUET, évêque de Chartres :

“Nous ne sommes, grâce à Dieu, ni Anglais, ni autre chose : nous sommes Français …

“Aujourd’hui qu’un soldat valeureux veut redresser et rénover la France, on constate aisément les funestes effets des institutions comme des mœurs. Il s’agit de relever les unes comme les autres. On veut changer les institutions qui ont corrompu les hommes. C’est l’affaire des hommes d’Etat d’étudier et de prescrire les modalités de cette transformation. Noble tâche pour laquelle ils connaissent sans doute les possibilités et nous devons leur faire crédit pour l’opportunité de l’heure.

“Puisque le nouveau régime veut comme nous la sauvegarde du Travail et de la Famille, soyons les premiers à l’aider par notre conduite et par nos exemples.”

(La Voix de ND. de Chartres du 20 juillet 1940)

S. E. Mgr LOUVARD, évêque de Coutances :

“Oubliant tout ce qui divise, serrés autour du noble Chef de l’Etat, gardons invincible notre espoir de voir la France grande et forte en redevenant chrétienne.”

(Lettre à ses prêtres et séminaristes prisonniers, novembre 1941)

S. E. Mgr SEMBEL, évêque de Dijon :

“Il faut que les catholiques comprennent que c’est pour eux un devoir de conscience d’obéir au Chef de l’Etat qui a été investi du pouvoir le plus régulièrement du monde par le vote de l’Assemblée nationale…

“Au lieu d’écouter complaisamment et de propager des critiques qui divisent et risquent d’entraver le relèvement du pays, faisons confiance au dévouement magnifique et à la sagesse de notre Chef, aidons-le de notre sympathie et de notre courageuse coopération au bien commun par l’accomplissement fidèle de notre devoir providentiel, chacun à notre place.”

(La Vie Diocésaine, 5 juillet 1941)

S. E. Mgr GAUDRON, évêque d’Evreux :

“Nous avons un gouvernement légitime légalement constitué. A sa tête est un chef dont le passé commande respect et reconnaissance à tous. Ce Chef a accepté le pouvoir par dévouement dans les plus pénibles circonstances, et il l’exerce au milieu des plus grandes difficultés, avec le même courage dont il faisait preuve à Verdun pour nous sauver.”

(Semaine Religieuse du 28 décembre 1940)

S. E. Mgr CHIRON, évêque de Langres :

“Refaire l’âme de la France. C’est bien la tâche qui s’impose. Elle est grande et nous est sacrée. Tous, résolument, nous y apporterons nos efforts dans un esprit de loyalisme respectueux envers l’autorité légitime

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de notre pays, et, les uns envers les autres, dans un esprit d’union sincère et fraternelle. Dispositions faciles : qui refuserait sa confiance à notre Chef actuel, et quelle passion diviseuse séparerait des frères en deuil ?”

(Lettre pastorale du 11 février 1941)

S. E. Mgr RICHAUD, évêque de Laval :

“Notre première obligation civique est d’accorder au Chef de l’Etat et à ceux qui le représentent la soumission du loyalisme et la confiance du bon sens…

“L’Eglise ne voit que le respect de Dieu lui-même dans le pouvoir légitime à qui la Providence a donné autorité, en lui permettant de s’établir. Tout le reste n’est aux yeux de la Foi que menées humaines qui n’intéressent pas la religion directement. Le croyant va droit au côté divin des gens et des choses. Aussi, quand les circonstances et l’autorité des chefs spirituels sont là pour lui préciser son devoir de soumission, il croirait succomber à une tentation d’orgueil ou d’égoïsme en se laissant aller à une mentalité ou à des actes de dissidence.”

(Lettre pastorale du 24 novembre 1941)

S. E. Mgr CAZEAUX, évêque de Luçon :

“Au moment où le pays meurtri se relève lentement de ses ruines, lorsqu’un immense travail de reconstruction et de rénovation requiert l’entente et les énergies de tous ses enfants, quand par surcroit, par sa lucidité, son calme courage, son dévouement absolu, son honnêteté foncière, le Chef miraculeux, que la Providence nous a donné, s’impose au respect et à l’admiration universelle, l’union derrière ce Chef est pour tout [sic] Français le plus sacré des devoirs.”

(Lettre autographe du 31 janvier 1942)

S. E. Mgr GRENTE, évêque du Mans :

“Le devoir de tous les Français est de témoigner leur confiance à l’admirable soldat qui, malgré sa gloire et son âge, après avoir été, dans les heures difficiles, l’ambassadeur précieux de la France en Espagne, assuma, dans le fracas de la catastrophe imminente, la présidence du Conseil, et qui fut élu Chef de l’Etat Français par l’Assemblée nationale.

“Disciplinés et soucieux de donner l’exemple du patriotisme, les catholiques se souviendront que c’est auprès du Maréchal Pétain que le Saint Père a son représentant, en la personne de Mgr le Nonce, doyen du Corps diplomatique. Il n’y a pas de confusion tolérable. L’Evangile nous enseigne que tout royaume divisé contre lui-même périra. Est-ce le moment des discussions et de la discorde ?

“France d’abord ! Union d’abord ! Devoir, sacrifice, fidélité, voilà les mots et les consignes d’aujourd’hui.”

(Français et Chrétiens, 6 août 1941)

S. E. Mgr DEBRAY, coadjuteur de S. E. Mgr EVRARD, évêque de Meaux :

“Dans l’appel radiodiffusé qu’il adressait au peuple de France le 13 août 1940, le Maréchal Pétain déclarait : … ‘Pour nous tous, la patience est peut-être, aujourd’hui, la forme la plus nécessaire du courage.’

“…Chaque jour nous apporte une nouvelle confirmation de la justesse et de l’opportunité de ces paroles du vénéré Chef de l’Etat.”

(Semaine Religieuse des 31 janvier et 7 février 1942)

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S. E. Mgr GONON, évêque de Moulins :

Nous ne terminerons pas ces lignes sans vous donner un dernier et important conseil : celui de pratiquer ce dont Notre-Seigneur sembla particulièrement préoccupé à la veille de sa mort, alors qu’il pria son Père pour que les siens ‘soient un’. Mettons de côté nos idées, nos opinions, nos vues personnelles, il n’y a qu’un chef de l’Etat Français, suivons-le unanimement, suivons-le tous : ‘soyons un’ “.

(Lettre pastorale pour le Carême 1941)

S. E. Mgr VILLEPELET, évêque de Nantes :

“Quand un chef commande, le devoir des subordonnés est d’obéir. A ce prix seul s’obtient le résultat recherché. Or, le chef respecté qui, en ces temps difficiles, avec autant de courage que de sagesse, préside aux destinées de la Patrie, a indiqué en trois mois le programme du relèvement national qui s’impose à tout Français : Travail, Famille, Patrie. Nous aurions mauvaise grâce à proposer d’autres consignes que celles qui composent une telle trilogie…

“Le vrai patriotisme exige l’union des citoyens entre eux et l’obéissance au pouvoir légitimement établi. Le loyalisme franc et sincère n’est pas une attitude facultative que chacun adopterait selon son sentiment ou son sens de l’opportunité : il découle de l’enseignement traditionnel de l’Eglise.”

(Lettre pastorale du 11 février 1941)

S. E. Mgr FLEURY, évêque de Nancy :

Quel est donc notre devoir actuel, pour sauver la France ?… Quand il s’agit des devoirs qui regardent la Patrie, c’est vers le Chef qui, seul, en a les responsabilités, que nous devons nous tourner. Le premier devoir, c’est l’obéissance au chef. Or il y a, en ce moment, des hésitations pour l’obéissance et, à cause de cela, il y a des divisions, qui vont jusqu’à la haine entre Français. Et pourtant aucune hésitation n’est possible. Tout pouvoir vient de Dieu c’est le quatrième commandement. Nous devons tous obéissance, respect, loyalisme envers le chef actuel de la France : le Maréchal Pétain, il est le Chef légitime de la France puisque, en fait, il est le seul chef français qui gouverne la France, la préserve d’un chef étranger, la maintient dans l’unité et la paix et l’oriente vers son relèvement.

(Semaine Religieuse du 28 septembre 1941)

S. E. Mgr FLYNN, évêque de Nevers:

“Aucune hésitation n’est permise aujourd’hui en face d’un gouvernement légitime, le meilleur que nous ayons connu depuis longtemps, Ie seul capable, par son prestige et son dévouement, de relever la France meurtrie, le seul qui ait commence à tenir compte des droits de la conscience catholique. Assurément, rien ni personne n’est parfait ici-bas, mais il suffit que les rayons l’emportent sur les ombres pour qu’un devoir non seulement de soumission, mais de confiance et de coopération s’impose.”

(Semaine Religieuse du 25 janvier 1941)

S. E. Mgr COURCOUX, évêque d’Orléans :

“ L’Evêque d’Orléans, en toutes circonstances, demande à ses diocésains l’esprit de loyale et constante soumission aux directives du Maréchal Pétain. Il répète sans cesse que jamais l’union ne nous fut plus nécessaire autour du Chef que la Providence a donné à la France.”

(Lettre autographe du 1″ mars 1942)

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S. E. Mgr MESGUEN, évêque de Poitiers :

“Ne nous laissons pas séduire ou abuser par des solutions aventureuses, sinon chimériques. Rangeons-nous, sans tergiverser, derrière le Chef de l’Etat, M. le Maréchal Pétain. A n’en pas douter, l’homme d’honneur le soldat illustre qu’entoure le Corps diplomatique dans son ensemble, représente légalement le principe d’ordre et d’autorité sans lequel un grand pays, comme le nôtre, ne saurait poursuivre son destin, Pas de stériles regrets qui ne serviraient de rien, non plus qu’une morne apathie. Elle aurait pour suite fatale l’enlisement.”

(Lettre pastorale pour l’an de grâce 1941)

S. E. Mgr DUPARC, évêque de Quimper :

“Suivons le grand soldat qui a accepté de nous conduire dans l’œuvre de salut et de rénovation qui nous est imposée… Le prestige grandissant qui auréole sa personne, ses messages, les actes de son gouvernement, tout concourt à inspirer confiance. L’intérêt autant que le devoir nous commande de nous serrer autour de lui. Il incarne aujourd’hui la France. C’est la France en lui qu’il faut défendre, qu’il faut servir et qu’il faut aimer, comme il a lui-même le premier aimé, servi et défendu la France.”

(Lettre pastorale du 2 février 1941)

S. E. Mgr LIAGRE, évêque de La Rochelle :

“Notre premier devoir est de manifester au gouvernement que notre pays s’est donné au lendemain de l’armistice, respect et obéissance, parce qu’il est l’autorité légitime. Ne nous laissons pas égarer par des rumeurs fantaisistes, ne prêtons pas l’oreille à des critiques malveillantes, faisons confiance à M. le Maréchal Pétain, qui incarne si parfaitement l’idéal de notre patrie. Nous contribuerons ainsi à maintenir et à renforcer l’unité française, condition essentielle de notre relèvement.”

(Semaine Religieuse du 16 janvier 1941)

S. E. Mgr SERRAND, évêque de Saint-Brieuc :

“On me demande : Quelle attitude un catholique doit-il prendre vis à-vis du gouvernement du Maréchal Pétain ?

“La réponse est simple. L’Eglise prescrit à ses enfants de pratiquer le loyalisme envers le pouvoir établi. Or, quel est chez nous le pouvoir établi, sinon celui du Maréchal ?

Il peut se faire que nos pensées ne concordent pas en tous points avec les siennes ; une chose est certaine c’est qu’il est mieux documenté que nous, c’est que mieux que nous il sait ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Faisons confiance à son amour de la France et à sa clairvoyance. Soyons fiers de le suivre.”

(Semaine Religieuse du 13 décembre 1940)

S. E. Mgr BLANCHET, évêque de Saint-Dié :

“La France est, à l’heure actuelle, pourvue d’un gouvernement dont la légitimité paraît indiscutable, puisqu’il tient son existence de l’Assemblée nationale, réunie et délibérant conformément aux exigences les plus strictes de la loi constitutionnelle de 1875.

“L’attitude des catholiques à l’égard de ce pouvoir doit donc être celle que l’Eglise prescrit envers toute autorité sociale légitime. Or, l’Eglise enseigne que tout pouvoir vient de Dieu …

“De là découlent les devoirs de respect et de soumission à l’égard du pouvoir légitime, devoirs qui revêtent dans la doctrine catholique un caractère vraiment religieux.”

(Avis à son clergé : Retraite ecclésiastique de 1941)

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S. E. Mgr PASQUET, évêque de Séez :

“Le Maréchal Pétain s’emploie par tous les moyens à nous inculquer, comme remède nécessaire, l’esprit de sacrifice dans la discipline et le respect de l’autorité.

“Français, nous devons le suivre avec confiance, l’aider aussi dans sa rude tâche et seconder son action de tout notre pouvoir.”

(Lettre pastorale du 11 février 1941)

S. E. Mgr MENNECHET, évêque de Soissons :

“C’est vous dire, Monsieur le Maréchal, que dans mon diocèse vous êtes compris, aimé et suivi et le serez de plus en plus. Mes diocésains, d’ailleurs si éprouvés par la guerre 1914-1918, ont expérimenté depuis qu’avec de l’union, de l’ordre, de la discipline, il est possible de faire jaillir des ruines les plus grandes, les plus magnifiques résurrections.

“C’est dans ces sentiments que nous voulons continuer à travailler sous votre direction, chacun à la place qui nous est assignée, au redressement tant souhaité de notre cher pays.”

(Lettre au Maréchal du 24 octobre 1941)

S. E. Mgr LEFEBVRE, évêque de Troyes :

“Soyons indissolublement unis dans une obéissance loyale et une ferme confiance au gouvernement légitime de notre pays. Quand tout semblait désespéré, la Providence miséricordieuse de Dieu a placé les destins de la Patrie entre les mains d’un grand soldat. Suivons-le, dans une entière discipline. Il garde le silence, mais il sait où il veut nous mener et qui donc oserait douter qu’il ne veuille nous conduire à l’honneur.

(Discours du 2 novembre 1941)

S. E. Mgr LE BELLEC, évêque de Vannes :

Epurée dans le creuset de l’adversité, la France redeviendra chrétienne. Déjà de nombreux signes annoncent la venue prochaine des jours meilleurs. Le gouvernement du Maréchal Pétain donne à l’Eglise des preuves non équivoques de son sincère désir de rendre leur vraie place et leur vrai sens aux ‘forces spirituelles’ ”.

(Lettre pastorale pour le Carême 1942)

S. E. Mgr GINISTY, évêque de Verdun :

J’ai eu l’honneur d’être reçu par le Maréchal, il y a un mois, à Vichy même : j’ai admiré une fois de plus la belle et puissante intelligence de ce chef de gouvernement, intelligence ouverte, avec une lucidité parfaite, sur tous les problèmes politiques, économiques, patriotiques et religieux.  J’ai admiré la noblesse de son caractère, la fermeté et la paternelle bonté qui l’inclinent vers tous ceux qui souffrent ou qui ont besoin d’aide. Avec une sagesse, une clairvoyance et une autorité que tout le monde lui reconnaît, il opère les réformes nécessaires et réalise une France nouvelle conforme à son esprit et à ses traditions séculaires imprégnées de christianisme et de saine liberté.”

(Lettre autographe du 27 décembre 1941)

S. E. Mgr ROLAND-GOSSELIN, évêque de Versailles :

“Tous les Français se doivent de s’unir dans un parfait loyalisme autour du Maréchal Pétain qui a entrepris, avec une admirable maîtrise l’œuvre du relèvement de la France. Son passé glorieux, ses déclarations

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récentes et les premiers actes de son gouvernement nous inspirent une pleine confiance. Nous ne pouvions avoir, dans nos malheurs actuels, une consolation plus grande, un espoir mieux fondé… Les Catholiques voudront tous l’aider de leurs prières et le seconder de leurs efforts, ils seront les premiers à lui obéir avec le plus loyal et le plus confiant empressement.”

(Bulletin diocésain du 16 décembre 1940)

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COMMENTAIRE DE KPW

Le document impose un devoir religieux d’allégeance à Pétain à des familles entières, à la police, à la justice, aux fonctionnaires et à la Résistance. La France de l’époque étant beaucoup plus pieuse, on imagine les dégâts qu’il a dû causer à un moment aussi crucial de la guerre.

C’est l’antithèse même de la laïcité codifiée en 1905, ce qui laisse penser que dans l’esprit de l’Eglise catholique, la laïcité n’est là que pour profiter à l’Eglise catholique et non pour la contraindre en quoi que ce soit.

Le texte doit être replacé dans le contexte des siècles précédents, et surtout de la décennie précédente. Pour ne citer que quelques exemples : les croisades contre les Musulmans, le génocide culturel de millions de personnes en Amérique latine et la persécution des Juifs.

Lorsque le document a été publié en 1942, il existait de nombreuses preuves contemporaines incontestables concernant les invasions que les nazis avaient effectuées en territoire souverain, impliquant meurtres et destructions, ainsi que la persécution meurtrière des Juifs. Ce dernier point n’était-il pas un sujet de préoccupation en raison de l’hostilité bien connue de l’Église catholique à l’égard du judaïsme, encore justifiée à l’époque par des motifs bibliques ? Jusqu’à la mort d’Hitler, son anniversaire a été célébré par des chaires catholiques dans toute l’Allemagne. Presqu’immédiatement après la publication du tract, Pie XII (Eugenio Pacelli) a eu connaissance de preuves de l’Holocauste et les a ignorées.

La brochure et son contexte soulèvent des questions qui appellent à un examen plus approfondi des preuves afin de les soumettre à une considération objective. Ils ont incité l’Association internationale des libres penseurs et les organismes et publications associés (dont l’Idée Libre) à lancer un appel à témoins dans le monde entier sur les activités des catholiques pendant la Seconde Guerre mondiale et la décennie précédente et suivante. Vous trouverez ci-dessous quelques-unes des questions sur lesquelles nous vous invitons à répondre. Celles-ci alimenteront les articles et publications à venir.

  1. Pourquoi l’Église catholique, tant en France qu’ailleurs, a-t-elle apporté son soutien aux régimes de Vichy et d’Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale et a-t-elle incité la population à faire de même ? Sa répulsion à l’égard du communisme et de l’athéisme était-elle si extrême qu’elle était prête à soutenir tout régime qui s’y opposait, aussi répugnant soit-il ?
  2. Qui a décidé de prendre cette voie, de choisir le camp nazi, et sous quelles influences ?
  3. Quelle était la dissidence – s’il y en avait une – et quel était le sort des dissidents, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église catholique ? Les membres de l’Église catholique ont-ils dénoncé aux autorités de Vichy/Nazi les personnes qui ne respectaient pas les règles ?
  4. Comment l’Église catholique s’est-elle tirée d’affaire à la fin de la guerre et quel rôle a-t-elle joué en aidant les nazis de haut rang à s’échapper et en réhabilitant ceux qui sont restés ?
  5. Comment des abus sexuels commis par des clercs sur des enfants à une échelle considérable – tels que décrits ci-dessous – ont-ils pu échapper à la justice autrement que par le secret imposé par l’Église et un système judiciaire complice ?

Les révélations les plus récentes d’abus sexuels sur des enfants au sein de l’Église catholique font écho à des atrocités antérieures. Il est peu probable que les abus sexuels sur les enfants n’aient commencé qu’en 1950, première année prise en compte par la Commission sur les abus envers les enfants dans ses enquêtes. L’Église française elle-même a estimé que les victimes d’abus en France depuis 1950 s’élevaient à un tiers de million. Il s’ensuit vraisemblablement qu’il y a eu environ un million d’actes criminels d’abus, plus, depuis 2000, d’innombrables omissions criminelles de les signaler ; les deux ont presque entièrement échappé à la sanction de l’Église ou de la société civile.

À la fin de l’année 2021, à la suite de ces révélations de la Commission, mais apparemment sans en tenir compte, le président de la Conférence des évêques de France a affirmé publiquement que le droit canonique concernant le secret de la confession relatif aux abus sexuels sur les enfants l’emportait sur la loi française qui exige la divulgation des abus sur les enfants, indépendamment de toute obligation de confidentialité. Après avoir été réprimandé par le Président français, l’archevêque s’est défendu en disant qu’il avait parlé “maladroitement”, comme si c’était un faux pas d’admettre publiquement ce qui reste la position de facto de l’Église catholique, encore maintenant.

Les réponses, contributions et les suggestions doivent être envoyées à [adresse électronique dédiée] dès que possible, mais elles seront particulièrement appréciées si elles sont reçues avant le début de l’année 2023.

Ceux qui cherchent, malgré tout cela, à défendre le dépliant de l’Église catholique souligneront sans doute le bien incontestable que l’Église a fait, notamment dans son éducation et ses œuvres caritatives à travers le monde. Mais il ne faut pas oublier que son éducation n’a été offerte qu’à ceux qui étaient prêts à être endoctrinés, et que ses œuvres caritatives ont souvent été entravées par le dogme religieux, en particulier la proscription de la contraception, qui a alimenté la pauvreté et les infections inutiles.