Communiqué de presse de la
Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP, France), membre de l’AILP

Un cas d’abus sexuel rejeté, malgré le fait que le cardinal ait admis des « erreurs »

L’un des plus importants cardinaux de France, l’archevêque de Lyon Philippe Barbarin, s’est vu signifié par le Procureur de la République qu’il ne serait pas poursuivi suite aux allégations de manquement à ses devoirs en ne rapportant pas auprès de la justice, comme l’exige la loi française, des cas d’abus sexuels commis par un prêtre qui était sous son contrôle.

Bernard Preynat, un prêtre de son diocèse, avait été accusé en janvier dernier, après avoir admis des agressions sexuelles sur quatre boy scouts entre 1986 et 1991 — crimes pour lesquels ses avocats ont déclaré qu’il ne pouvait plus être reconnu coupable. Et il y a sans doute eu beaucoup plus de victimes. Associated Press a rapporté que “les délais étaient dépassés et qu’il y avait prescription pour certaines de ces allégations” à l’encontre du cardinal et que les preuves pour les autres accusations n’étaient pas « suffisantes ».

En mai, alors que l’enquête du Procureur sur les actes du cardinal Barbarin était à son apogée, le Pape avait déclaré publiquement qu’il serait « insensé et imprudent » de chercher la démission de l’archevêque à cette étape, alors même que le Cardinal Barbarin avait admis le mois précédent des “erreurs dans la nomination de certains prêtres”, tout en démentant avec force les avoir couvertes.

Peu de temps après les déclarations du Pape, le jour même d’une importante audience à la Cour sur cette affaire, le Pape accorda une audience à Barbarin. La Parole Libérée, un groupe français représentant les victimes, déclarait que les procédures légales « allaient désormais être éclipsées par cette rencontre ». Le groupe avait cherché auparavant à rencontrer le Pape mais avait essuyé un refus. “Nous aurions aimé être reçus plutôt que le cardinal, nous notons qu’une fois encore ce sont les victimes qui sont écartées.”

Keith Porteous Wood, directeur exécutif de la National Secular Society du Royaume-Uni et porte-parole de l’Association Internationale de Libre Pensée en charge de la campagne contre les crimes sexuels commis par des prêtres, a déclaré : « Dans la mesure où Barbarin a admis des erreurs dans la gestion des cas de prêtres ayant commis des abus, il a eu beaucoup de chance d’échapper aux poursuites alors qu’il a manqué à son devoir de rapporter ces cas de suspicion d’abus sexuels sur des enfants devant la justice. Nous espérons seulement que le procureur a traité ce cas de la même façon qu’il l’aurait fait pour quelqu’un qui n’aurait pas été un haut responsable de l’Eglise et qui n’aurait pas reçu le soutien du Pape. »

Keith Porteous Wood, 4 août 2016

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