Mesdames, messieurs,
Chers amis,
Chers camarades,
Mes Très Sœurs et Frères,
Je vous apporte le salut fraternel de l’Association internationale de la Libre Pensée et de la Fédération française de la Libre Pensée.
La question internationale a toujours été importante dans l’activité de la Libre Pensée sur tous les plans, sur tous les continents.
Le principe de Séparation des Eglises et de l’Etat et le principe de laïcité sont des principes universels. C’est pour cela que, de tout temps, la Libre Pensée a été conçue comme une organisation internationale. Nous pensons que la laïcité est internationale dans son contenu et nationale dans sa forme.
Très rapidement, dès que les premières associations de Libre Pensée se constituent au XIXe siècle, elles se préoccupent des problèmes internationaux et ressentent le besoin de se regrouper au-delà des frontières pour agir ensemble. Je vous renvoie à la lecture de l’excellent ouvrage de Louis Couturier sur les Internationales de la Libre Pensée. Vous y découvrirez des choses fort intéressantes et passionnantes.
La Séparation des Eglises et de l’Etat, c’est-à-dire la séparation du temporel et du spirituel, ou comme le disait le libre penseur Victor Hugo « L’Etat chez lui, l’Eglise chez elle », est quelque chose de très ancien. On trouve des traces de séparation, de cette idée philosophique de Séparation des Eglises et de l’Etat, 4 000 ans avant la pseudo-existence de l’escroc nommé Jésus-Christ, qui n’a jamais existé. On voit apparaître ce principe en Inde, où il y avait un nombre très important d’athées et de ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui des humanistes.
On voit apparaître dans la civilisation gréco-latine des penseurs qui théorisent cette question, comme Protagoras qui disait « L’homme est la mesure de toute chose ». Si l’homme est la mesure de toute chose, Dieu n’a donc aucune place et aucun intérêt. Par conséquent, ce principe de Séparation des Eglises et de l’Etat est très ancien, puisqu’il met en fait l’homme au centre de sa destinée et que c’est lui, la mesure de toute chose. Il y aura bien évidemment des allées et venues, des allées et des déconvenues. Bien évidemment, contre ce principe qui place l’homme au centre de sa destinée, nous allons connaître un grand malheur : l’apparition du monothéisme.
A partir du moment où le pouvoir dit : Il n’y a qu’un dieu, tu dois lui obéir, voici ce qu’il faut penser et faire, alors, c’est le début des ennuis pour l’Humanité. On ne peut œuvrer à l’émancipation du genre humain sans lutter contre les religions, toutes les religions, qui n’ont comme seule fonction que de légitimer les oppressions et l’asservissement des peuples.
Cette idée de séparation est de tous temps liée au combat des libres penseurs. Mais il n’est pas le seul, loin de là. Une autre idée forte est le combat pour l’Instruction publique, pour l’enseignement laïque. C’est le combat pour la pleine et entière liberté humaine.
Voici ce que disait Francisco Ferrer, libre penseur, libertaire, Franc-Maçon, à propos de son enseignement : « Notre enseignement n’accepte ni les dogmes, ni les usages, car ce sont là des formes qui emprisonnent la vitalité mentale (…) Nous ne répandons que des solutions qui ont été démontrées par des faits, des théories ratifiées par la raison, et des vérités confirmées par des preuves certaines. L’objet de notre enseignement est que le cerveau de l’individu doit être l’instrument de sa volonté. Nous voulons que les vérités de la science brillent de leur propre éclat et illumine chaque intelligence, de sorte que, mises en pratique, elles puissent donner le bonheur à l’humanité, sans exclusion pour personne par privilège odieux. »
C’est aussi ce que déclarait le Président d’Honneur de la Libre Pensée française Jean Rostand dans son hommage à Edouard Herriot, quand il occupe son fauteuil à l’Académie française : « Dans l’enseignement qu’on distribuera aux jeunes citoyens, s’interdire toute pesée confessionnelle ou philosophique, former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler, leur communiquer une force dont ils puissent faire leur force, les séduire au vrai pour les amener à leur propre vérité, leur donner le meilleur de soi sans attendre ce salaire qu’est la ressemblance : qui ne voit la difficulté de suivre à la rigueur un tel programme, mais en est-il un autre pour satisfaire une conscience ombrageuse, quant au respect des âmes ? »
Cette question de l’enseignement est donc consubstantielle à l’action des libres penseurs à travers le monde. C’est pourquoi, le Conseil international de l’AILP a décidé qu’elle tiendra un grand congrès international à l’été 2020 à Madrid pour traiter de cette question importante : « Ecole laïque et laïcité de l’enseignement ».
Nous allons y inviter les libres penseurs, les laïques, les athées, les Humanistes, les syndicalistes, les enseignants du monde entier, tous ceux que cette question intéresse. Nous allons solliciter le concours de tous ceux qui souhaiteront s’exprimer sur cette problématique.
Nous voulons faire de ce congrès sur l’enseignement laïque, l’équivalent du Congrès de Rome de 1904 pour la Séparation des Eglises et de l’Etat. Notre ambition est grande, mais elle est nécessaire sir nous voulons faire avancer les choses. Nous vous invitons à y venir et à le préparer avec nous.
Le Congrès de Montevideo de l’AILP a décidé il y a quelques années de faire du 20 septembre de chaque année « La journée internationale de la Libre Pensée ». Cette date marque l’anniversaire de l’entrée des troubles garibaldiennes et républicaines, par la Porte Pia, à Rome pour proclamer l’unité italienne.
Giuseppe Garibaldi, Héros des Deux-Mondes, est célébré dans le monde entier et particulièrement en Amérique latine où il a combattu pour libérer le continent. De nombreuses associations font du 20 septembre une date importante de mobilisation pour la laïcité et la démocratie.
Comme l’indiquait Luis Britto Garcia dans un colloque à Caracas en 2007 : « Les deux gestes qui ont le plus inspiré les révolutionnaires italiens et latino-américains ont été ceux de Simón Bolívar et de Giuseppe Garibaldi. Tous deux engagent des luttes d’émancipation politique pour couper les liens de sujétion de leurs peuples à des puissances étrangères. Tous deux émancipent pour les unifier des peuples libérés. Tous deux promeuvent des idées républicaines, démocratiques et de laïcisation de l’État et, avec les limites propres à chaque époque, des plans de réforme sociale et économique. »
A l’heure où la loi de 1905 est gravement menacée par les prétentions d’Emmanuel Macron, énième-Président de la Ve République française aujourd’hui, il est important de signifier à tous les cléricaux que le monde entier a toujours les yeux fixés sur cette Grande Œuvre qu’est la Séparation des Eglises et de l’Etat en France.
Ensemble dans tous les pays, défendons la laïcité, là où elle est établie, et imposons la, où il faut établir la liberté de conscience.
Je vous souhaite de bons travaux à votre congrès.
Je vous remercie
Christian Eyschen, Porte-parole de l’AILP