Ce 9 décembre marque le 117e anniversaire de la loi qui a proclamé en France la séparation entre Églises et État, et 91 depuis l’adoption de la Constitution de la Deuxième République espagnole, la seule incontestablement laïque de l’histoire de notre pays. Ces deux événements sont la raison pour laquelle le 9 décembre de chaque année, nous commémorons la Journée internationale de la laïcité et de la liberté de conscience.
Au cours de la période écoulée, le droit à la liberté de conscience a considérablement progressé dans de nombreux pays de tradition démocratique. Cependant, il subsiste de nombreuses et graves violations de ce droit dans de nombreux autres endroits, ainsi que l’absence généralisée d’une laïcité réelle comme condition nécessaire, entre autres, pour que la liberté de conscience puisse être effective. Deux droits qui font partie de la même monnaie.
Ainsi, en premier lieu, nous manifestons notre rejet du maintien des Concordats et Accords des États avec les confessions religieuses puisque ce sont les instruments qui perpétuent les privilèges ecclésiaux, maintenir cette symbiose entre le trône et l’autel qui était considéré comme dépassé depuis l’avènement des Lumières. Le Vatican a environ 200 accords en vigueur avec de nombreux pays, en leur garantissant une inépuisable source de fonds publics pour leurs propres besoins ainsi qu’une invasion doctrinale de l’enseignement qui constitue un obstacle énorme à la liberté de conscience et aux droits de l’enfant. Europe laïque exige une fois de plus dans notre pays la dénonciation et l’abrogation des Accords de 1979 avec le Saint-Siège, ainsi que ceux de 1992 avec les confessions minoritaires. Il y a une majorité parlementaire suffisante pour cela, c’est pourquoi le gouvernement de coalition PSOE-UP et les partis progressistes ne devraient pas fermer les yeux. Parce qu’il est temps de repenser le rôle de l’Église catholique en Espagne, une tâche qui reste en suspens depuis la Transition.
Car non seulement il n’y a pas de volonté dans ce sens, mais nous dénonçons des actions et des propositions politiques qui vont tout à fait dans le sens contraire, comme le récent décret de la présidence de la Generalité de Valencia par lequel on veut porter à ce niveau autonome une sorte de “concordat” local, comme transposition de l’existant au niveau de L’État adapté dans les sujets avec compétence autonome. Une fuite en avant, de type populiste en une année électorale, où l’on met en évidence le rôle que certains politiciens de toutes les couleurs, certains plus et d’autres moins, donnent à la religion et au pouvoir ecclésial, comme légitimation politique et sociale de son action de gouvernement au lieu de l’établir dans une éthique civile et un respect de la valeur démocratique que suppose la laïcité de l’État.
Deuxièmement, nous attirons l’attention sur la montée incessante des groupes de pression fondamentalistes ultra-religieux en conjonction avec la montée des forces d’ultra-droite. Cette dérive, avec son influence politique internationale croissante, a été particulièrement visible dans les processus des lois mises en œuvre en Amérique latine, mais aussi dans certains gouvernements européens, comme ceux de Pologne, de Hongrie ou d’Italie, qui, progressivement et en parfaite harmonie, mettent en péril les droits civils et sociaux. Les clauses de conscience cléricale, de plus en plus répandues, entravent, voire empêchent, l’accès aux droits dans bon nombre de pays, principalement dans le domaine des droits sexuels et reproductifs.
À leur tour, les politiques de privatisation et de réduction des effectifs du gouvernement partout, avec un abandon de la responsabilité de l’État, suppose que la fourniture de services publics et d’aide sociale soit capturée par ces forces, déguisées ou clairement, générant le bouillon de culture pour augmenter son influence et capillarité dans les couches sociales les plus défavorisées. Le marché de la charité et du prosélytisme lié à cette ingérence est présent partout, y compris dans notre pays, sans qu’il y ait une volonté réelle des forces politiques et de l’Administration d’assurer une défense effective du public dans l’intérêt général, non particulier.
En Espagne, nous félicitant des progrès indubitables, déjà en démocratie, dans la reconnaissance de droits tels que, entre autres, l’interruption volontaire de grossesse ou l’euthanasie, Il existe toujours une lacune dans l’absence d’une loi intégrale sur la liberté de conscience qui couvrirait tout choix de conscience, et pas seulement ceux de nature religieuse. À cet égard, Europa Laica a élaboré et publié une proposition articulée pour cette loi qui répond au point 5.5 de l’accord de gouvernement en ce sens, actuellement non respecté.
De même que le point 5.11 de cet accord de gouvernement, par lequel l’engagement a été pris de trouver une solution au scandale monumental des immatriculations de biens par l’Église catholique, est manifestement violé, récupérer dans le domaine public ceux qui ne peuvent pas prouver qu’ils lui appartiennent. Au lieu de cela, le Gouvernement poursuit son “amnistie d’enregistrement” en faveur de la hiérarchie ecclésiastique, ce qui représente un pillage incommensurable du patrimoine historique espagnol.
Enfin, nous dénonçons l’insuffisance de la volonté ecclésiastique, sinon le frein de la part du clergé, d’enquêter et d’établir les responsabilités sur la situation systématique et généralisée des abus sexuels sur mineurs, tant au niveau espagnol qu’international, à quelques exceptions près, comme l’attitude de transparence et de collaboration de l’Église française à cet égard qui devrait servir d’exemple à la hiérarchie catholique espagnole qui continue à cacher des données et des cas qui empêchent la nécessaire réparation du dommage causé à ses victimes.
Europa laica, nous avons la satisfaction d’être une référence pour la laïcité en Espagne et avec une reconnaissance internationale. Notre présence en tant que membre fondateur du Réseau européen des laïcs, pour avancer de manière coordonnée sur ces droits au niveau européen, en est une preuve supplémentaire. Dans le même ordre d’idées, et en tant que membre également de l’Association Internationale de Libre Pensée-AILP, nous participerons en avril prochain à une Conférence Internationale à Paris pour articuler des actions conjointes en vue de la fin des Concordats en vigueur.
À l’occasion de la Journée internationale de la laïcité et de la liberté de conscience, nous nous engageons à continuer de lutter pour que les idéaux émancipateurs de la laïcité de l’État, comme principe universel de fonctionnement et de base de la liberté de conscience, progressez et gagnez en importance dans notre pays et partout.
Trad automatique de l’espagnol reverso