de l’Association Libanaise de Philosophie du Droit
Association internationale de la Libre Pensée : Les manifestations à Beyrouth et dans tout le Liban sont importantes et déterminées. Qui sont les manifestants et que réclament-ils ?
Georges Saad : C’est presque une insurrection, une vraie révolution à la Bakounine (spontanéité révolutionnaire). Les gens en ont marre d’attendre, de croire à des dirigeants corrompus. Les Libanais ne veulent plus du général Aoun qui n’a rien fait jusque-là depuis trois ans. Un pays où les gens n’hésitent plus à parler de leur famine.
AILP : Y a-t-il des points communs avec la situation à Hong-Kong, en Algérie, en Équateur ou en Catalogne par exemple ?
G .S : Certes, il y a des points communs avec ce qui se passe partout ailleurs (dans les pays arabes surtout- Algérie, Soudan). Mais aussi vu l’influence de la France les gilets jaunes aussi.
AILP : Au-delà de chasser le régime, il semble que les manifestants réclament la fin du régime multiconfessionnel. Est-ce une revendication de laïcité ?
G.S : En effet, c’est une révolte qui se fait en dehors des religions, elle est laïque. Et tout le monde est uni autour des réclamations sociales. Mais de là à dire que c’est le chemin vers la laïcité c’est très hasardeux et je ne le pense pas. Dans les places de révoltes, on priait la Sainte vierge.
AILP : Comment vois-tu la suite des événements ? L’AILP pourrait-elle publier un communiqué, en rappelant notamment la déclaration finale du colloque de 2012 ?
G.S : Difficile de dire comment cela va évoluer, mais sûrement avant le 17 octobre n’est pas comme après. Un pas important a été franchi. Il y a une nouvelle génération de jeunes laïques, courageux, socialistes, révoltés. Et qui le disent haut et fort. Le Libanais en principe est quelqu’un qui a honte de dire qu’il veut de l’argent et de parler de disparités sociales.. Je crois qu’une grande partie de ces jeunes (très nombreux) a voyagé, notamment en France et ont attrapé le virus de la contestation.
(Propos recueillis par Roger Lepeix)
Beyrouth, le 31 octobre 2019
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Conclusions du Colloque de Beyrouth – Avril 2012
Lors du colloque « Religion, Laïcité et Etat de droit », réuni à Beyrouth au Liban les 13 et 14 avril 2012, à l’initiative conjointe de l’Association Libanaise de Philosophie du Droit et de l’Association Internationale de la Libre Pensée, ont été débattues de questions touchant à la laïcité de l’Etat, à la sécularisation des Institutions et à la mise en place du principe de séparation des religions et de l’Etat, pour l’avènement de la pleine liberté de conscience, de l’égalité de droits et de la démocratie.
Un public important (une centaine de personnes), tant par la qualité et la diversité des intervenants que par le nombre de participants, a largement débattu des rapports entre la laïcité, les religions et l’athéisme. Un grand nombre de participants s’est préoccupé de la nécessité d’un Etat civil dépassant les communautés religieuses.
La présence nombreuse de jeunes du Liban et leur engouement pour la laïcité est, à cet égard, tout à fait positive.
Beaucoup aspirent à la sortie du confessionnalisme politique qui enferme les individus dans leur communauté d’appartenance. L’aspiration à l’égalité des droits est grande.
Etat laïque, Etat civil, sont très certainement les moyens de préserver et de promouvoir l’unité de la Nation libanaise.
En présence de membres de différentes communautés existantes au Liban, de religieux, de laïques, de libres penseurs, de représentants de députés, un débat courtois, mais intense, a eu lieu sur l’ensemble de ces questions.
Les participants, dans leur grand nombre, estiment que la tenue de ce colloque est un premier pas positif dans la voie de la sécularisation de la société et des institutions pour la mise en place d’un Etat civil, prélude à un Etat laïque.
Ils décident de poursuivre ensemble ce nécessaire débat avec l’ensemble des composantes de la Nation libanaise à la lumière, notamment, des contributions internationales citées dans ce colloque.
Les participants souhaitent que l’Association libanaise de Philosophie du droit soit le pivot de e débat permanent.
La publication des Actes de ce colloque dans une édition en langue française et une autre en langue arabe constituera un élément matériel de poursuite de ce débat et de cette rencontre des 13 et 14 avril 2012.
La large diffusion de ces Actes, au Liban et au-delà du Liban, favorisera la réflexion commune et la recherche des solutions nécessaires.
Conclusions approuvées par les participants le 14 avril 2012
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Pour commander ces Actes
Ecrire à la Libre Pensée 10/12 rue des Fossés-saint-Jacques – 75005 Paris (France) : Prix = 8€ et 3,44€ de frais de port, soit un total de 11,34€.
Chèque à l’ordre de : Libre Pensée