Déclaration de la Fondation Kazimierz Łyszczyński contre le projet de loi visant à interdire l’avortement en Pologne

2016-04-11

Nina Sankari, FKŁ

Le dimanche dernier, les Journées Athées 2016 ont pris fin à Varsovie. Dans leur cadre, la Fondation de Kazimierz Łyszczyński a organisé une conférence féministe internationale. Elle a démontré que toutes les religions discriminent et oppriment les femmes, véhiculent les schémas patriarcaux du pouvoir basés sur la domination et la soumission, limitant les droits des femmes, en particulier des droits reproductifs, ou en accordant aux femmes le statut d’un être mi-humain seulement. Au cours des dernières années, la montée des fondamentalismes religieux de tous bords a conduit à des actes de barbarie inouïs envers les femmes.

En Pologne, une interdiction totale de l’avortement constitue une atteinte aux droits des femmes la plus importante depuis la période entre deux guerres, effectuée sous pression de l’Eglise catholique. Le clergé polonais, discrédité par les scandales, y compris la pédophilie et l’avidité financière extraordinaire, veut imposer leurs ordres et interdictions non pas par l’argument de la foi de ses fidèles, mais par l’argument de la force. Peut-être la conscience des évêques polonais peut tout supporter : à commencer par la pédophilie des prêtres cachée au sein de l’église jusqu’à l’imposition du projet de la loi, dont le résultat sera le « fémicide ». Mais ce ne sont pas les évêques qui siègent au Parlement. C’est les politiciens serviles et dociles a l’égard de l’Église qui seront responsables des tragédies des femmes. Parce que le coût de l’alliance du trône et de l’autel les femmes paient déjà avec leur vie et leur santé, mais cette loi barbare va augmenter dramatiquement la facture. Le projet de l’interdiction totale de l’avortement n’a rien à voir avec la protection de la vie, au contraire, il a condamné à mort la femme dont la grossesse constitue une menace pour sa vie. Elle sera aussi obligée de porter à fin la grossesse avec le fœtus gravement endommagé juste pour assister, impuissante, une fois l’enfant né, à son agonie. Et elle sera forcée de donner naissance à un enfant né du viol. Ces cas dans la loi en vigueur appelée hypocritement « un compromis » permet en théorie, un avortement légal. Mais, comme le montre la pratique, quand la femme perd son droit au choix, même le droit à l’avortement légal cesse d’être appliquée pour devenir une fiction juridique.

La Fondation Kazimierz Łyszczyński a reçu des messages de solidarité et de soutien pour les femmes polonaises de la part de nombreuses organisations féministes et libre penseuses, dont les Femmes Solidaires de France, des organisations internationales, y compris le RIFL, les Féministes pour une Autre Europe, l’Association Internationale de la Libre Pensée et bien d’autres.

« Nous exigeons un avortement sécuritaire et accessible pour les femmes en Pologne, en Croatie et partout dans le monde ! » — nous écrivent les femmes croates de 30 organisations affiliées dans le Réseau des Femmes Croates.

Il y a quelques années, la grande manif du 8 mars marchait sous la bannière « La démocratie sans femmes c’est la moitié d’une démocratie. » Mais la démocratie sans femmes n’est pas du tout une démocratie ! La question de l’avortement, c’est-à-dire la question de l’autodétermination de la femme n’est pas un problème des femmes uniquement. Ce n’est pas un problème de leurs proches non plus. Il s’agit de la société dans son ensemble. L’asservissement de la femme par un gouvernement autoritaire c’est le début de l’asservissement de toute la société.

Ne laissons pas faire ça !

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